L’emprise de Poutine : l’Europe n’a pas d’alternative immédiate au gaz russe

Il est impossible de remplacer le gaz naturel russe en Europe à court terme. C’est ce que disent le Qatar, premier producteur de gaz naturel liquéfié (GNL), et le géant français de l’énergie TotalEnergies. L’Allemagne ne dispose même pas d’un terminal GNL.

L’Union européenne est le premier importateur mondial de gaz naturel, dont plus de 40 % provient de Russie. Après l’agression de la Russie en Ukraine, des voix s’élèvent dans l’UE pour diminuer notre dépendance du gaz russe fourni par Gazprom et pour importer davantage de gaz liquéfié du Qatar ou des États-Unis, par exemple.

GNL du Qatar

Seulement, ce n’est pas possible techniquement et économiquement, dit le Qatar. « La Russie représente 30 à 40 % des livraisons à l’Europe. Aucun pays ne peut remplacer ce type de volume, aucun pays n’a la capacité de le faire par le biais du GNL », a déclaré Saad al-Kaabi, ministre de l’énergie du Qatar, aux journalistes lors d’une conférence sur le gaz à Doha ce mardi.

De plus, les volumes en provenance du Qatar sont déjà engagés par des contrats à long terme avec des clients asiatiques. Seuls 10 à 15 % des volumes au Qatar pourraient éventuellement être détournés vers l’Europe, rapporte l’agence de presse Reuters.

Patrick Pouyanné, le PDG du géant français de l’énergie TotalEnergies, a également déclaré que le gaz naturel liquéfié ne serait pas une solution si le gaz naturel n’arrivait plus par les gazoducs russes. Et même si de grandes quantités de gaz naturel liquéfié pouvaient être livrées à l’UE, il y aurait trop peu de terminaux spécialisés comme celui de Zeebrugge pour traiter les importations de GNL.

« Nous n’avons pas assez de terminaux en Europe pour regazéifier le gaz liquéfié afin de remplacer les 40 % de gaz russe », a-t-il déclaré lors d’une conférence à Paris. « Donc si le gaz russe ne vient pas en Europe, nous avons un vrai problème avec le prix du gaz en Europe ». Il a aussi fait remarquer qu’il faut deux à trois ans pour construire un terminal de GNL, il y a donc un problème d’infrastructure qui ne peut être résolu immédiatement.

Dépendance

En proposant du gaz naturel moins cher et en plus gros volumes, la Russie a rendu l’UE – et surtout l’Allemagne – dépendante de son gaz au cours des dernières décennies. Ce faisant, Gazprom, dont le Kremlin est l’actionnaire majoritaire, a toujours respecté les contrats à long terme conclus avec ses clients européens.

Que l’Europe le veuille ou non, la dure réalité est que le président russe Vladimir Poutine peut continuer à contrôler une grande partie de l’approvisionnement en gaz de l’Europe à court terme.

Et les prix du gaz ont déjà explosé. En 24h, le prix du gaz de référence TTF a pris jusqu’à 63% avant de redescendre en surplus de 33%.

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