Avec l’inflation, la guerre et la hausse des taux d’intérêt, parmi d’autres indicateurs, la récession menace d’arriver. Mais quelques tendances dans les dépenses des consommateurs, la « colonne vertébrale » de l’économie, continuent comme si de rien n’était, voire augmentent même.
Depuis plusieurs semaines, des signes avant-coureurs de la récession se présentent. La courbe du rendement sur les obligations à court et à long terme s’est inversée, la guerre fait rage en Ukraine (ce qui peut provoquer une « guerre-cession »), et des économistes tels que Mohamed el-Erian et Carl Icahn mettent en garde contre son arrivée. D’autres éléments encore sont en place : inflation galopante, hausse des taux d’intérêt et ralentissement du chiffre d’affaires des entreprises.
Ces raisons sont valables, et la récession pourrait effectivement arriver vers la fin de l’année, ou au début de l’année prochaine, rapporte Yahoo Finance, en nuançant tout de même : toutes ces discussions autour de la récession de l’économie américaine (et européenne, par un effet de ricochet souvent) pourraient aussi être excessives. Le média spécialisé dans la finance base son analyse sur trois éléments.
Volume des transactions par cartes de crédit
American Express, fournisseur de cartes de crédit, a récemment annoncé ses résultats du premier quadrimestre. Le groupe a connu une augmentation de 30% du volume de transactions par carte de crédit. De leur côté, les banques JP Morgan et Bank of America ont également enregistré des dépenses toujours importantes, via carte bancaire.
En d’autres mots, les consommateurs continuent à dépenser de l’argent. Dans une situation de récession, les dépenses seraient en recul, ce qui provoquerait, in fine, un affaiblissement du PIB. D’un autre côté cependant, à mesure que l’inflation augmente, la confiance des consommateurs baisse.
« Nous verrons comment la Fed parvient à contrôler l’inflation en augmentant les taux d’intérêt au fur et à mesure, mais pour l’instant, je ne vois pas de récession », ajoute le PDG d’AmEx, Stephen Squeri, interrogé par Yahoo. Selon lui, les dépenses sont faites par les entreprises, et par les particuliers, notamment pour partir en vacances.
Le retour du tourisme
Les vacances sont toujours synonymes de dépenses : transport, hébergement, activités, etc. Après deux ans de pandémie, et deux « étés corona », les voyages sont depuis ce printemps à nouveau plus faciles, les « covid safe ticket » et autres paperasses n’étant plus demandés. Aux États-Unis, les masques ne sont même plus obligatoires dans les avions. Les revenus des principales compagnies aériennes sont tous « impressionnants », constate Yahoo, tout comme ceux des grands groupes hôteliers.
Le secteur s’attend à un véritable boom cet été. Ce qui ne serait pas le cas dans une économie en plein ralentissement. À moins que l’élément « vacances » cache une autre vérité, par exemple un éventuel report d’autres dépenses, justement pour pouvoir partir en vacances?
Les produits de marque gardent la cote
Un troisième élément constaté dans les dépenses des consommateurs, souvent appelés la « colonne vertébrale » de l’économie, est qu’ils continuent d’acheter des produits de marque, au lieu de recourir aux produits de la marque distributeur ou aux produits blancs. Des groupes comme Procter and Gamble ou Kimberly-Clark annoncent par exemple de fortes ventes au premier trimestre. Ils réussissent donc à augmenter les prix sans perdre leurs clients.
Au final, allons-nous vers la récession ou non? Les temps sont incertains, et chacun a sa lecture des éléments qui peuvent indiquer une récession. La consommation et les dépenses des ménages sont effectivement un des éléments les plus importants de l’économie.
Ces trois éléments, qui sont au vert, peuvent donc valoir comme une bonne remise en perspective des autres éléments qui glissent au rouge. Mais la question est alors combien de temps la tendance pourra-t-elle continuer? L’inflation notamment, au vu de la guerre et du retour du coronavirus en Chine, n’est pas prête de s’arrêter.