Le voyageur d’affaires, alias ‘la vache à lait du secteur’, a disparu

Les voyages d’affaires – représentant 1.500 milliards de dollars de ventes annuelles – sont aux abonnés absents depuis mars. Si le télétravail a appris une chose à de nombreuses entreprises, c’est que les voyages d’affaires peuvent maintenant être classés dans la colonne ‘dispensable’. Les conséquences pour le secteur sont dramatiques. Parce qu’avec le voyageur d’affaires, c’est la ‘vache à lait’ du secteur qui disparaît jusqu’à nouvel ordre.

Quelques chiffres :

  • Les voyages d’affaires représentent à peine 10% de tous les voyages en avion, mais apportent 55 à 75% des revenus. Ces voyageurs sont prêts à payer plus pour s’asseoir en classe affaires ou en classe premium. Ils sont aussi souvent obligés de dépenser plus d’argent pour obtenir un billet de dernière minute.
  • Au plus fort de la crise, les entreprises américaines, européennes et asiatiques ont annulé entre 94% et 99% de leurs voyages d’affaires.
  • Les voyageurs d’affaires sont aussi les principaux clients des hôtels. Si 65% de la capacité hôtelière était remplie en mars, elle est tombée à 22% en avril, avant de remonter à 46% en juillet.
  • Des chaînes comme Marriott et Hilton tirent 70% de leurs revenus des réservations effectuées par des clients en voyage pour affaires.
  • Les Américains ont effectué plus de 464 millions de voyages d’affaires en 2019.
  • Bonus: Apple réservait 50 sièges en classe affaires sur la ligne San Francisco – Shanghai tous les jours avant le coronavirus. Cela représente 35 millions de dollars par an, soit un peu moins d’un quart des 150 millions de dollars qu’Apple dépense chaque année pour ses voyages d’affaires.

CEO de Delta: ‘Le niveau pré-corona ne reviendra jamais’

Selon les experts du secteur, il faudra des années avant que les voyages d’affaires reprennent à un niveau similaire à avant la crise du coronavirus. Le cabinet de conseils McKinsey estime que l’occupation des hôtels n’atteindra pas les chiffres d’avant la pandémie avant 2023. Ed Bastian, le CEO de Delta Airlines, qui tire 50% de ses revenus des voyages d’affaires, pense même que le niveau pré-corona ne sera plus jamais atteint.

Sur la chaîne française BFMtv, Alexandre de Juniac, le patron de l’organisation aéronautique IATA, a déclaré mercredi que le secteur de l’aviation avait repris à 36% par rapport au niveau du début d’année. Au plus fort de la crise, il n’était qu’à 10%.

Pour de Juniac, la situation financière des compagnies aériennes est ‘apocalyptique’. Il donne l’exemple de Lufthansa, qui dépense chaque jour 30 millions de dollars pour rester à flot alors que les revenus sont quasi inexistants.

Les voyages d’affaires sont à la base de la relation personnelle

S’il y a déjà une reprise dans le secteur, cela concerne principalement les voyages pour des vacances. Les entreprises préféreront éviter les voyages d’affaires jusqu’au développement d’un vaccin. Ils ne disparaîtront cependant pas totalement. Parce que le voyage d’affaires est la base du capital social et de la relation personnelle entre différentes entreprises. Ce lien est difficilement entretenu par visioconférence. L’importance de ces relations ne doit pas être sous-estimée. Elles font souvent toute la différence dans une transaction commerciale.

La plus grande victime pourrait cependant être les voyages d’affaires d’un jour. Les entreprises ne proposeront plus de prendre l’avion le matin pour se rendre à Madrid et assister à une réunion avant de revenir au soir. En outre, les voyages transatlantiques et intercontinentaux ne reprendront pas avant la sortie d’un vaccin.

Une bonne nouvelle vient toutefois du secteur de la location de voiture. Le temps de location a augmenté depuis la crise. Les voyageurs d’affaires semblent préférer conduire sur une longue distance en voiture pour ne pas prendre l’avion.

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