Le plus grand exportateur de riz instaure des taxes et des interdictions : du petit lait pour l’inflation alimentaire mondiale

Avec la guerre en Ukraine, les prix du blé et du maïs ont flambé. Le riz n’avait jusqu’alors pas été touché outre-mesure. Mais cela va changer. À partir d’aujourd’hui, l’Inde instaure de (lourdes) taxes, et même des interdictions sur certaines exportations.

Dès ce vendredi, l’Inde impose un droit de douane de 20% sur les exportations de riz blanc et de riz brun (complet). En ce qui concerne le riz brisé, il est désormais tout simplement interdit d’en exporter.

C’est du lourd. L’Inde est le premier exportateur de riz, représentant environ 40% du commerce mondial. En 2021, le pays a exporté un volume record de 21,5 millions de tonnes de riz. C’est plus que les expéditions combinées des quatre autres plus grands exportateurs (Thaïlande, Vietnam, Pakistan et États-Unis), note Reuters.

Les restrictions qui débutent ce vendredi concernent 60% des exportations de riz de l’Inde, selon les calculs de Bloomberg.

Conséquences

Le riz est un aliment de base pour environ la moitié de la population mondiale. L’Asie, principal continent producteur, en est aussi le principal consommateur. La Chine, les Philippines, l’Arabie saoudite, les USA et le Bangladesh étaient les cinq plus grands importateurs mondiaux l’an passé, selon les données d’UN Comtrade et de l’ITC.

Le riz brisé, dont les exportations sont maintenant interdites, est plutôt utilisé pour nourrir le bétail (celui produit en Inde est surtout acheté par la Chine), mais il est également envoyé en Afrique pour l’alimentation humaine.

A priori, les mesures prises par l’Inde vont faire grimper les prix mondiaux. Selon B.V. Krishna Rao, président de la Rice Exporters Association, les prix à l’exportation du riz blanc pourraient dépasser 400 dollars la tonne, contre 350 dollars actuellement.

Pour Alvin Tai, analyste de Bloomberg Intelligence, « cela n’aidera certainement pas l’inflation alimentaire mondiale ». « Cela dépendra de la durée pendant laquelle [les restrictions] seront maintenues », a-t-il précisé.

Des pluies de mousson inférieures à la moyenne

Rappelons que, suite à la guerre en Ukraine, les prix du blé et du maïs ont déjà explosé, découlant sur ce qui pourrait devenir une grave crise alimentaire mondiale. L’accord trouvé cet été entre la Russie et l’Ukraine pour les exportations de céréales a légèrement fait retomber la pression, mais la situation reste tendue.

C’est dans ce contexte que l’Inde est en train d’adopter une politique de plus en plus protectionniste en matière d’alimentation. Le riz est en effet déjà le troisième produit concerné par des restrictions d’exportations, après le blé et le sucre.

Les mesures prises par l’Inde font aussi suite à des pluies de mousson moins fortes qu’à l’accoutumée dans les principales régions productrices de riz. Une météo qui a eu un impact négatif sur la production. L’objectif est donc de protéger l’approvisionnement et de calmer les prix à l’intérieur du pays.

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