Le Belge a une relation toxique avec son compte d’épargne : il est temps de la rompre

Malgré l’augmentation du coût de la vie, les Belges continuent de placer des sommes considérables sur leurs comptes d’épargne. Les chiffres de la Banque nationale de Belgique montrent qu’en juin, il y avait 300,7 milliards d’euros sur les comptes d’épargne réglementés. C’est 1,3 milliard de plus qu’en mai. Les Belges restent particulièrement fidèles à leur compte d’épargne, mais s’agit-il d’une relation saine ?

Le Belge et son livret d’épargne : ce pourrait être une histoire d’amour tout droit sortie d’un conte de fées. Même des taux d’intérêt ultra-bas ne peuvent briser cette relation. En raison de la politique de taux d’intérêt bas de la Banque centrale européenne (BCE), de nombreuses institutions financières ont abaissé les leurs ces dernières années jusqu’à 0,11 %, le minimum absolu dans notre pays.

Certaines banques, dont KBC et ING, ont même introduit un taux d’intérêt négatif pour les gros épargnants et les personnes morales. Mais maintenant que le régulateur européen a augmenté le taux d’intérêt pour la première fois en onze ans, ils abandonnent ce taux négatif. KBC, par exemple, a cessé de le faire dès ce mois-ci, un mois plus tôt que prévu.

Plus de 300 milliards d’euros d’économies

Parce que de nombreux Belges ont placé des sommes importantes sur des comptes d’épargne ces dernières années, ils sont désormais moins à même de résister à une inflation galopante. Même la faible inflation de ces dernières années a grignoté les économies. Les banques constatent que les épargnants sont donc plus intéressés par les investissements, mais si l’on regarde le capital qui se trouve sur les livrets d’épargne, on constate qu’il y a encore beaucoup d’argent à faire fructifier.

En juin, le montant total des comptes d’épargne réglementés, qui offrent un taux d’intérêt d’au moins 0,11 %, s’élevait à 300,7 milliards d’euros. En outre, vous bénéficiez d’une exonération fiscale sur l’épargne jusqu’à 980 euros par personne. Si vous gagnez plus d’intérêts, vous ne devez payer que 15 % d’impôts sur tout ce qui dépasse ce plafond. Cela représente la moitié de ce que les autorités fiscales perçoivent sur les coupons et les dividendes.

De plus, les économies jusqu’à 100 000 euros sont protégées (par personne et par établissement financier) par le système de garantie des dépôts en cas de faillite d’une banque. La combinaison de ces facteurs fait que les Belges restent très fidèles à leur compte d’épargne, même s’ils doivent renoncer à leur pouvoir d’achat.

Suppression de l’exonération fiscale pour les comptes d’épargne

Ces dernières années, plusieurs analystes ont noté que notre pays devait mettre un terme aux régimes fiscaux divergents applicables aux produits d’investissement et d’épargne. Les épargnants et les investisseurs fondent parfois leurs choix d’investissement sur ce qui est fiscalement le plus avantageux. Ce faisant, ils accordent moins d’attention à leurs propres objectifs d’investissement et aux avantages et inconvénients de certains produits bancaires ou d’assurance.

Vincent Van Peteghem (cd&v), ministre des Finances, semble maintenant répondre à ces préoccupations. Son projet de réforme indique qu’il veut supprimer l’exonération fiscale des livrets d’épargne. En échange, il y aurait une exonération générale jusqu’à 6.000 euros pour tous les revenus du capital. « En exonérant d’impôt un montant de revenu provenant de l’épargne, des placements et des investissements, nous veillons à ce que chacun puisse se constituer un patrimoine », peut-on lire dans son plan directeur.

Si vous ne faites qu’épargner, cela signifie que l’exonération fiscale passe de 980 à 6.000 euros. Dans cette situation, toute personne qui épargne et investit en même temps a tout intérêt à surveiller de près le revenu de son capital pour voir s’il dépasse le montant maximal.

Le ministre souhaite également imposer tous les revenus du capital de la même manière, ce qui devrait grandement simplifier la fiscalité pour les investisseurs. « Un système fiscal équitable traite les revenus du patrimoine de la même manière. Nous optons pour un taux d’imposition de 25 % pour tous les revenus récurrents du patrimoine », dit-il. Tout cela va de toute façon dans le bon sens, car de cette manière, la fiscalité ne jouera plus un rôle dans les choix d’investissement d’un épargnant ou d’un investisseur.

Van Peteghem mènera-t-il sa réforme à bien? Tout cela doit encore être discuté au sein du gouvernement, et les débats seront sans doute assez longs. Il reste donc à voir lesquelles des réformes fiscales du ministre verront effectivement le jour.

(MB)

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