L’Agence internationale de l’Énergie : « Non, la hausse des prix n’a rien à voir avec la transition écologique »

La hausse des prix de l’énergie risque bien de devenir mondiale. Mais Fatih Birol, directeur de l’IEA insiste : les efforts de transition vers le renouvelable n’a rien à voir là-dedans, et il faut continuer dans cette voie. L’économiste blâme plutôt à demi-mot la Russie et son jeu avec les vannes.

Pourquoi est-ce important ?

Le monde entier est frappé par une forte hausse du prix de l'énergie, favorisée par la reprise économique post-pandémie. Les prix du gaz et de l’électricité s'envolent, au risque de provoquer des arrêts de production dans certains secteurs, voire des blackouts pour faire des économies.

Alors que les pays d’Europe sont frappés par une pénurie de gaz naturel entrainant une hausse globale du coût de l’énergie, les pays de l’UE étaient réunis au parlement européen ce lundi au sein des comités pour l’Énergie et pour l’Environnement. Fatih Birol, économiste turc et directeur de l’Agence internationale de l’Énergie (IEA) a tenu à prendre la parole sur un sujet qui pourrait devenir vite préoccupant: « Il est inexact et injuste d’expliquer ces prix élevés de l’énergie par les politiques de transition vers une énergie propre. C’est faux. Certains grands fournisseurs hésitent à envoyer du gaz supplémentaire en ces jours difficiles en Europe et ailleurs, même si, à mon avis, c’était pour eux l’occasion de souligner qu’ils étaient un fournisseur fiable. »

Une insinuation qui vise en particulier la Russie, à qui l’IEA a récemment demandé d’ouvrir plus grand les vannes de gazoducs en direction de l’Europe. Un robinet avec lequel le président russe Vladimir Poutine aime jouer pour faire pression sur l’Europe. Ce mois-ci, un groupe de législateurs du Parlement européen a demandé une enquête sur le rôle de Gazprom dans la flambée des prix en Europe, affirmant que le comportement du fournisseur russe leur faisait soupçonner une manipulation du marché.

Maintenir le cap en dépit du vent

Quelle que soit la cause profonde de cette hausse conjoncturelle du prix du gaz, le secteur éolien n’a toutefois pas pu fonctionner à plein rendement cet été par manque de vent, et n’a donc que très partiellement joué son rôle d’alternative énergétique.

Fatih Birol voulait en tout cas prévenir l’assemblée de l’UE des risques possibles de récupérations populistes et anti-écologiques dans différents pays, où la hausse des prix aurait pu être attribuée aux politiques de transition vers des énergies propres et donc, de facto, vers un usage moindre du gaz naturel. Fatih Birol insiste : la hausse des prix actuelle ne doit pas faire perdre de vue aux gouvernements l’objectif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré et d’éviter les pires conséquences du changement climatique.

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