L’administration Trump a rétrogradé l’UE

Le ministère des Affaires étrangères du gouvernement du président américain Donald Trump a rétrogradé le statut de la mission diplomatique de l’UE « d’Etat membre » à « organisation internationale » à la fin de l’année dernière sans lui en faire part. Le fait serait devenu apparent lors des funérailles de l’ex-président américain George H. W. Bush, le 5 décembre dernier. Bruxelles serait indignée. 

Cette rétrogradation a été révélée lors de la cérémonie des obsèques d’Etat de l’ancien président américain, lorsque l’ambassadeur de l’UE auprès des Etats-Unis, David O’Sullivan, a constaté que le protocole habituel dans ce type de circonstances n’avait pas été respecté.

Appelé dernier sur 150

En effet, il n’avait pas été appelé dans l’ordre chronologique traditionnel (de l’ambassadeur disposant de l’entrée en fonctions la plus ancienne à celui le plus fraîchement nommé), et n’avait été cité qu’en dernier. Or, M. O’Sullivan est ambassadeur de l’UE depuis 2014, ce qui lui vaut habituellement de figurer parmi les 30 premiers ambassadeurs appelés, sur une liste comprenant près de 150 noms. 

Un diplomate d’un État membre de l’UE basé à Washington a confirmé cette dégradation, et lorsque les officiels du bloc ont demandé des explications à Washington, ils se sont vu répondre qu’on avait oublié de leur notifier, mais que cette décision avait été prise par le responsable du protocole, au motif qu' »il s’agissait de la chose correcte à faire ».

Le même statut que l’OTAN ou l’ONU

Désormais, les Etats-Unis confèrent donc à l’UE le même statut qu’ils accordent à des organisations internationales telles que l’OTAN ou l’ONU, par exemple. L’UE dispose de son propre cabinet exécutif (la Commission), de son parlement, et de sa propre monnaie, ce qui la distingue de ces institutions. Les Etats-Unis en avaient tenu compte, et auparavant, la mission diplomatique de l’UE jouissait du même statut que celui d’un ambassadeur d’Etat, en vertu d’une décision prise par l’administration du président américain Barack Obama en septembre 2016.

Selon un officiel de l’UE, il arrive parfois que de telles modifications se produisent, mais en principe, elles ont rarement lieu lorsque le gouvernement qui en prend la décision est aux commandes depuis presque 2 ans, et le plus souvent, la mission diplomatique concernée en est informée. « Cette décision surprenante et humiliante est en ligne avec le protectionnisme du président des Etats-Unis Donald Trump et son opposition au multilatéralisme maintes fois réitérée à l’occasion de bras de fer avec l’Europe », écrit le journal L’Echo.

Le shutdown des administrations américaines

Les diplomates de l’UE ont déjà entrepris d’obtenir une annulation de cette décision, mais lorsqu’ils ont contacté le département d’Etat américain un peu avant Noël, ils ont appris que celui-ci maintenait sa décision. « Mais nous n’avons reçu aucun écrit », commente un officiel de l’UE.

Interrogé par le média Deutsche Welle qui rapporte cette information surprenante, le ministère américain n’a pas souhaité répondre, en justifiant son silence par les perturbations liées au « shutdown » des administrations américaines.

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