Après un premier épisode de récession au début de la pandémie, à hauteur de 10%, la première puissance économique de la zone euro se dirige tout droit vers une nouvelle récession. Pour l’heure, l’épisode devrait être temporaire.
Un constat sans appel dressé par plusieurs chercheurs éminents. L’Allemagne se dirige tout droit vers la récession. En termes techniques, une récession commence à partir d’un recul du taux de croissance pendant deux trimestres de suite. Au quatrième trimestre 2021, le taux de croissance allemand était en recul, et aujourd’hui, alors que nous nous dirigeons vers la fin du premier trimestre 2022, les chercheurs s’attendent également à un recul du PIB.
Au mois de mars, la production industrielle sera ralentie de manière sensible, explique Stefan Kooths, vice-président de l’Institut für Weltwirtschaft (économie mondiale) situé à Kiel au journal Welt. En même temps, les prix de l’énergie freinent la consommation. Torsten Schmidt, responsable de la conjoncture au sein du RWI Leibniz-Institut für Wirtschaftsforschung (sciences économiques) à Essen, tout comme Oliver Holtemöller, responsable pour la macro-économie au sein du même groupe d’instituts de recherche, mais dont l’institut est situé à Halle, partagent ce constat de très probable recul du taux de croissance au premier trimestre.
Ces deux derniers s’attendent également à une revue à la baisse de l’estimation du taux de croissance. En décembre dernier, ils s’attendaient à 3,5% pour l’année et 3,9% pour le premier trimestre. Pour les anticipations officielles, il faudra attendre le 17 mars. Mais le recul du PIB n’atteindra certainement pas les 10% enregistrés en 2020, prévoient les chercheurs.
« Faiblesse temporaire »
Selon Schmidt, il s’agira plutôt d’une « faiblesse temporaire ». Ensuite il s’attend à une « forte reprise à partir du deuxième trimestre ». Le marché de l’emploi s’est notamment bien remis de la pandémie.
Kooths aussi constate que la relance post-pandémique est toujours forte. Il appuie son constat sur le fait que les ménages ont accumulé leur pouvoir d’achat depuis deux ans. Cette accumulation s’élève à 215 milliards d’euros. Les excédents de commandes, auprès de l’industrie, battent tous les records, souligne-t-il encore. Pour lui, la récession ne sera que technique, mais pas déterminante. Mais toujours est-il que sur 2022, il estime « à environ 35 milliards d’euros la diminution directe du pouvoir d’achat des ménages en raison de la hausse des prix de l’énergie ».
Risques
Mais quid des dynamiques en cours, notamment l’envolée des prix de l’énergie, qui semble inarrêtable, et le ralentissement de la production et de la consommation qu’elle provoque? Kooths ne s’inquiète pas, mais imagine qu’un danger « virulent » pour un épisode de récession n’arriverait que l’hiver prochain, si les livraisons de gaz devaient s’arrêter par exemple.
De son côté, Holtemöller interprète les effets de la guerre sur le commerce international et sur la volatilité des marchés boursiers comme des risques. Mais d’un autre côté, les conséquences de la guerre, comme les réfugiés notamment, peuvent également avoir un effet stabilisateur sur l’économie allemande : « Les dépenses qui y sont liées pourraient avoir un effet positif sur la consommation publique », conclut-il.