Depuis plusieurs mois, de nombreux indices laissaient à penser que la NASA ne pourrait pas faire revenir des astronautes sur la Lune pour 2024, l’échéance fixée depuis deux ans. Acculée, l’agence spatiale américaine prend (enfin) la décision de revoir ses ambitions à la baisse.
Ce lundi, l’administrateur de la NASA, Bill Nelson (photo), a annoncé des changements autour du calendrier des différentes missions devant aboutir au retour de l’Homme sur la Lune. Voici ce qui est désormais prévu dans le cadre du programme dit « Artémis »:
- Artémis 1 en février 2022: vol d’essai sans équipage de la capsule Orion et de la nouvelle fusée Space Launch System (SLS) lourde qui l’enverra dans les airs. (date inchangée)
- Artémis 2 en mai 2024: premier vol avec équipage du vaisseau spatial SLS-Orion, une mission qui emmènerait les astronautes à quelque 65.000 km au-delà de la lune – plus loin que les humains n’ont jamais volé – avant de revenir sur Terre. (initialement fixée à 2023)
- Artémis 3 en mai 2025 (au plus tôt): Atterrissage d’astronautes sur la Lune, parmi lesquels se trouveront une personne de couleur et une femme. (initialement fixée à 2024)
Bill Nelson s’explique
Pour justifier le report d’un an du retour de l’Homme sur la Lune, Bill Nelson s’est d’abord servi de la bataille judiciaire lancée contre son agence et contre SpaceX (choisie pour développer l’atterrisseur lunaire du programme Artémis) par Blue Origin, l’entreprise spatiale de Jeff Bezos. Cette dernière n’acceptait pas ne pas avoir été retenue pour développer un HLS et jugeait que la procédure illégale. Après une première défaite en août, Jeff Bezos en a subi une seconde la semaine dernière, lorsque a Cour fédérale des réclamations des États-Unis a donné raison à la NASA.
Durant cette querelle juridique, la NASA a été contrainte de mettre sa collaboration avec SpaceX, ce qui a, selon Bill Nelson, poussé au report des différentes mission. Bien que la société spatiale d’Elon Musk ait tout de même continué à travailler de son côté.
« Nous avons perdu près de sept mois en contentieux, et cela a probablement repoussé le premier atterrissage d’humains à 2025 au plus tôt « , a avancé le patron de la NASA.
En outre, Bill Nelson a motivé ce report par d’autres raisons. D’une part, il a regretté le fait que, selon lui, ces dernières années, le Congrès n’a pas alloué suffisamment de fonds au programme pour pouvoir respecter les deadlines. De l’autre, il a indiqué « l’objectif de l’administration Trump d’un atterrissage humain en 2024 n’était pas fondé sur la faisabilité technique ». C’est en effet en 2019, sous la présidence du prédécesseur de Joe Biden, que le vice-président Mike Pence avait surpris tout le monde en fixant une date limite pour renvoyer les Américains sur la Lune dans les cinq ans « par tous les moyens nécessaires ».
Il était pourtant très enthousiaste il y a peu
D’après les dires de Bill Nelson, les trois entités responsables de ce report sont donc Blue Origin, le Congrès et l’administration Trump. Toutefois, il faut préciser que bon nombre d’experts s’accordaient à dire depuis déjà plusieurs mois que la NASA ne pourrait pas respecter l’échéance fixée en 2024.
A la mi-août, le Bureau de l’inspecteur général (OIG) de la NASA avait d’ailleurs lui-même annoncé que l’agence était dans l’incapacité d’organiser l’envoi d’astronautes sur la Lune pour 2024. Dans son rapport, il avait pointé du doigt de nombreux retards dans la préparation de la mission. A savoir, notamment, un développement fortement ralenti (on parle d’un retard de deux ans) des combinaisons lunaires qui devront être portées par les astronautes.
En outre, l’OIG avait signalé des retards de développement à un peu près tous les niveaux. Il avait ainsi observé des soucis tant au niveau de la fusée SLS, que de la capsule Orion ou encore l’atterrisseur lunaire de SpaceX. La conclusion du moment: pas d’Homme sur la Lune avant le printemps 2025.
Malgré tout, quelques jours plus tard, Bill Nelson avait affirmé que 2024 restait l’objectif fixé par la NASA. Il s’était même autorisé à citer John Kennedy, rappelant que les Américains était un « peuple » capable », qui pouvait « faire des choses difficiles ».
Moins de trois mois plus tard, le boss de la NASA est de retour sur Terre.