La Lituanie installe un mur à 46 millions d’euros pour bloquer les migrants venus de Biélorussie

Depuis mai et l’accroissement des tensions avec l’Union européenne, la Biélorussie a menacé de mettre fin à sa coopération avec le bloc en matière de migration. En première ligne, la Lituanie a décidé de s’activer.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis le détournement par la Biélorussie d'un vol Athènes-Vilnius de la compagnie Ryanair survenu le 25 mai dernier, les relations entre Minsk et l'Union européenne se sont empoisonnées. L'UE a adressé une liste de sanctions à l'ancienne république soviétique, laquelle a répliqué en annonçant notamment qu'elle ne retiendrait plus les migrants souhaitant passer sa frontière.

Moins de deux mois après ces déclarations, force est de constater que la Biélorussie a mis ses menaces à exécutions. La Lituanie, avec laquelle elle partage une frontière de 680 km, arrête depuis plusieurs jours des dizaines de nouveaux migrants, arrivés illégalement depuis la Biélorussie.

Depuis début juillet, près d’un millier de migrants – principalement originaires du Moyen-Orient et en particulier d’Irak – ont franchi illégalement la frontière lituano-biélorusse. Sur toute l’année 2020, il y en avait eu moins de cent.

La Lituanie a monté à la hâte des campements pour migrants, comme ici à Pabrade, à 40 km de Vilnius. (AP Photo/Mindaugas Kulbis)

La Lituanie a accusé la Biélorussie, plus que de simplement laisser les migrants traverser ses frontières, de les y encourager et d’en profiter sur le plan financier.

“Étant donné que le régime biélorusse gagne [de l’argent] via ces personnes avec les frais de visa et, je pense, en tire également d’autres revenus, il serait difficile de s’attendre à une tendance positive sans d’autres moyens d’impact”, a déclaré Première ministre lituanienne Ingrida Simonyte.

Mme Simonyte a également indiqué que la Biélorussie avait même proposé à des migrants des vols vers Minsk, basant ses allégations sur des documents retrouvés sur un migrant ayant été arrêtés en Lituanie.

« Nous ne retiendrons personne. Ils ne viennent pas chez nous mais dans l’Europe éclairée, chaleureuse et douillette », a renchéri la semaine dernière le président biélorusse Alexandre Loukachenko.

Barbelés et clôture

Face à cette hausse spectaculaire de l’immigration illégale, la Lituanie a décidé de réagir. Elle a décrété l’état d’urgence et son parlement se réunira ce mardi pour adopter en urgence une loi qui rationalise les demandes d’asile. Cela signifie que tous les dossiers seront traités en maximum dix jours. Et que toute personne qui franchira illégalement la frontière sera maintenue enfermée.

De plus, la Lituanie a commencé à placer des barbelés le long de la frontière avec la Biélorussie. Et il ne s’agit que de la première étape. Par la suite, une « clôture physique » de deux mètres de haut – c’est-à-dire un mur – sera érigée sur 550 km de long.

Les autorités lituaniennes ont annoncé que l’installation des barbelés coûtera 4,9 millions d’euros, tandis que l’érection de la clôture en coûtera 41 millions. Cette « double-protection » engendrera donc des dépenses à hauteur de de 45,9 millions d’euros.

La ministre de l’Intérieur Agnė Bilotaitė a indiqué que la clôture serait érigée « dans un délai aussi court que possible ».

L’Union européenne a déclaré qu’elle soutiendrait la Lituanie qui fait, rappelons-le, partie de l’espace Schengen. Ainsi, Frontex, le garde-frontière européen, va renforcer son soutien à Vilnius, en renforçant sa présence à la frontière lituano-biélorusse.

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