La liste européenne des financements durables fait face aux critiques des 4 coins de l’Europe

Dans le cadre du Green Deal, l’Union européenne veut proposer une liste des qualités nécessaires pour être considérées comme une entreprise durable. Mais lors de la consultation, le texte a récolté de nombreux commentaires et critiques, venant de presque tous les États membres.

Le but de ce projet est de pousser les investissements vers des sociétés protégeant le climat. Mais il est également question d’encadrer ces financements. De nombreuses entreprises n’hésitent pas à faire du greenwashing pour attirer les investisseurs. Et ça, l’Europe n’en veut plus. Des critères clairs doivent donc éviter aux investisseurs privés de se faire duper.

La cause est noble et pourtant 46.597 commentaires ont été annexés au premier jet de cette liste, selon le média Euractiv. C’est dire comme le projet tel qu’il a été formulé en novembre dernier ne convainc pas. La Commission, qui espérait faire une proposition finale le 1er janvier, doit repousser cette échéance sine die.

Ce projet, qui devait permettre de créer la première liste d’investissements verts, classe les critères d’admission en trois :

  • les critères pour être durables
  • ceux pour être considéré comme ‘de transition’
  • les activités désignées comme ‘habilitantes’.

Gaz naturel

La première grande critique vient des pays de l’Est. Ces derniers misent énormément sur le gaz naturel pour bénéficier d’un mix énergétique plus propre. C’est en effet plus écologique que le charbon qu’ils utilisent encore actuellement.

Mais selon le premier jet de la liste d’investissement durable, le gaz n’est même pas considéré comme une activité ‘de transition’.

10 pays de l’UE (Bulgarie, la Croatie, Chypre, la Tchéquie, la Grèce, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie) ont donc fourni un document demandant que le gaz soit reconsidéré comme une source d’énergie de transition.

Les États membres revendiquent leur droit de décider de leur propre transition écologique. Désapprouver les installations au gaz impactera incontestablement les décisions sur la transition écologique et sur les finances de ces pays.

Ce problème est inhérent même au Green Deal. La Commission refuse de financer les installations au gaz naturel via son Fonds pour une transition juste. Elle suit donc cette même logique pour les investissements privés. Au plus grand désarroi des pays qui misent dessus.

Création d’une bulle financière

Une autre grande critique vient de pays éminents de l’UE, comme l’Allemagne. Leur peur est que cette liste crée une bulle financière verte.

Selon le projet initial, seulement 2% du DAX allemand serait considéré comme durable, explique Euractiv. En n’élargissant pas les critères, l’UE pourrait pousser les investisseurs à concentrer leur argent dans ces quelques entreprises, augmentant ainsi artificiellement leur valeur.

‘Il existe de nombreuses industries qui ne sont ni propres ni sales’, affirme Yves Mersh, représentant luxembourgeois au conseil d’administration de la Banque centrale européenne. Pour lui, la liste, telle qu’elle est actuellement définie, va faire perdre d’importants fonds à ces entreprises neutres.

La Commission se penche actuellement sur ces deux grandes critiques, mais aussi sur les milliers d’autres qui ont été évoquées lors de la consultation publique. Elle espère pouvoir proposer un nouveau projet le 26 janvier prochain, lors de la réunion des experts nationaux dans les finances durables.

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