‘La deuxième grande révolution ferroviaire’ de Joe Biden devrait lancer les premiers trains à grande vitesse des États-Unis

Le président américain Joe Biden est un partisan convaincu du système ferroviaire. Aux États-Unis, il a d’ailleurs été surnommé à plusieurs reprises ‘Amtrak Joe’, du nom de la plus grande entreprise américaine de trains. Il veut relancer le trafic ferroviaire dans un pays où l’avion et la voiture sont les grands maitres. Et cela passera forcément par la création des premières lignes à grande vitesse américain.

En tant qu’Européens, nous sommes habitués à trouver des lignes à grande vitesse dans les réseaux ferroviaires. Aller en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas ne prend que quelques heures au départ de Bruxelles, grâce à des trains qui dépassent facilement les 320 km/h sur les lignes prévues.

Mais aux États-Unis, bien que le réseau ferroviaire existe depuis le 19e siècle, il n’existe pas de ligne à grande vitesse dans le pays. Certains trains Amtrak relient bien plusieurs États entre eux, mais les locomotives ne roulent pas à plus de 240 km/h. Et les réseaux sont tellement vieux et peu entretenus que cette vitesse n’est que rarement atteinte aujourd’hui. Les Américains doivent soit parcourir des centaines de kilomètres en voiture ou en avion pour lier deux grandes villes du pays.

Mais cela devrait bientôt changer. Le président américain, Joe Biden, a promis de soutenir le transport ferroviaire. Lors de sa campagne, il avait annoncé investir jusqu’à 2.000 milliards de dollars dans les trains et ainsi déclencher ce qu’il appelle ‘la deuxième grande révolution ferroviaire’. Une révolution dont voudrait profiter le projet North Atlantic Rail, qui doit, dans un premier temps, relier Boston et New York.

Le North Atlantic Rail

Son but est donc de créer un immense réseau sur toute la Nouvelle-Angleterre, une région comprenant les États du Maine, du Massachusetts, du New Hampshire, du Vermont, de Rhode Island et du Connecticut. Il y aurait une ligne principale à grande vitesse, où les trains pourraient circuler à 320 km/h. Les grandes villes qui seraient reliées auraient ensuite leurs propres lignes régionales. Cela accélèrerait énormément les trajets pour la population. En effet, le voyage Boston-New York dure aujourd’hui 3h50. Avec la ligne à grande vitesse, il ne durerait plus que 1h40.

Le réseau entier imaginé par le projet North Atlantic Rail, avec des segments créés et des parties réaménagées. (source: northatlanticrail.org)

Le projet utilise en partie des voix existantes, qui devront être modernisées. Mais il faudra surtout créer de nouvelles voies, mais aussi plusieurs ponts dont un de 25 km sous le Long Island Sound. Et cela a un coût: 105 milliards de dollars. Les aides proposées par Joe Biden seraient donc les bienvenues.

Mais le North Atlantic Rail n’est pas le seul projet de train à grande vitesse du pays. La Californie a commencé à construire sa propre ligne qui reliera San Diego à Sacramento. Le coût est estimé à 80 milliards. Mais California High-Speed Rail est depuis 2019 ‘suspendue indéfiniment’ par manque de financement. Le projet Cascadia qui veut relier Portland à Vancouver ne coûterait lui que 42 milliards de dollars.

Au Texas, un consortium privé-public devrait lancer prochainement la construction d’une ligne entre Dallas et Houston. Les trains japonais Shinkansen ont d’ailleurs déjà été choisis, au plus grand dam de la SNCF, qui voulait y installer ses TGV.

Les avantages

En Europe, le train s’offre une nouvelle jeunesse. Même si les transports en commun sont quelque peu boudés par la population en temps de pandémie, de nouvelles lignes se créent et les pays continuent d’investir dans le ferroviaire. Les trains de nuit font, par exemple, leur grand retour, en tant qu’alternative au voyage en avion.

Il faut dire que les voyages en train possèdent de nombreux aspects pratiques. Ils sont beaucoup plus écologiques que l’avion ou la voiture. Ils évitent tous les bouchons sur les autoroutes. Ils permettent de voyager l’esprit tranquille, sans se préoccuper de la route.

Aux États-Unis, la création de nouveaux réseaux offre encore plus d’avantages. Ses défenseurs prônent par exemple les aspects économiques. Les grandes villes pourraient continuer à se développer sans se congestionner encore plus, avec des travailleurs venus de régions plus éloignées. De petites villes connaitraient un renouveau avec l’installation d’une gare, de commerces associés et de logements qui y seraient construits pour les navetteurs. Le lancement de ces projets créerait aussi de nombreux emplois dans les régions proches, mais aussi dans les usines qui produisent les matériaux nécessaires.

Le Cascadia Rail met aussi en avant l’aspect touristique. La ligne offrirait aux voyageurs la possibilité de rejoindre facilement les villes qu’ils souhaitent visiter. Les habitants des régions desservies par le train pourraient également plus souvent se rendre dans les villes d’un autre État, qui leur semblait inaccessible rapidement avant.

Les détracteurs

Mais les États-Unis sont un pays où l’avion et la voiture sont rois. Et de nombreuses personnes ne sont tout simplement pas attirées par de tels projets, dont ils voient plus les inconvénients que les avantages.

L’un des grands arguments contre la création de certaines lignes de train, dont celles du North Atlantic Rail, est écologique. Si le train permet d’éviter l’émission de CO2, la construction de ligne peut aussi détruire des zones naturelles. Les critiques notent par exemple que certaines portions reprises par le projet en Nouvelle-Angleterre ont déjà essuyé de nombreux refus pour cause environnementale, explique Bloomberg. Et ce alors alors que les infrastructures étaient plus petites. Pour eux, il n’y a aucune chance que le North Atlantic Rail puisse s’y installer.

Une autre critique qui revient énormément est le coût d’une telle installation. Les détracteurs considèrent que le prix au mile pour les trains à grande vitesse est tout simplement exorbitant. De telles dépenses ne sont pas envisageables selon eux et d’autres solutions plus économiquement rentables doivent être envisagées.

C’est donc maintenant à Joe Biden de réussir à convaincre les députés et autres personnalités politiques que les avantages du train l’emportent sur son prix. C’est en tout cas ce qu’espèrent les associations qui travaillent depuis des années sur les plans de ces réseaux ferroviaires.

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