Alors que la vaccination avance dans notre pays – près de 30% des adultes ont reçu la première dose – certains se posent la question de la création d’un certificat vaccinal donnant accès aux personnes vaccinées à plus d’activités sociales. Un comité d’éthique travaille sur le sujet en Belgique et la réponse est bien plus compliquée que ça.
Plusieurs pays ont déjà adopté un certificat vaccinal. Israël était le premier. Lancé en janvier, le ‘passeport vert’ permettait aux personnes déjà vaccinées d’avoir une plus grande liberté. Elles ne devaient pas faire de quarantaine ni se faire tester, par exemple.
Le Danemark a lancé son ‘Coronapas’ au début du mois. Il permet aux personnes vaccinées ou prouvant une certaine immunité de se rendre dans des établissements normalement fermés, comme les salons d’esthétique ou les auto-écoles.
Attention, le certificat vaccinal n’est pas la même chose qu’un passeport vaccinal. Ce dernier, qui devrait être instauré cet été pour toute l’Europe, permettra aux personnes vaccinées, testées négatives ou ayant une immunité naturelle de pouvoir voyager plus facilement pendant les vacances.
Solidarité
Alors, pourquoi ne pas organiser cela en Belgique aussi ? Toute personne immunisée ou vaccinée pourrait être plus libre de ses mouvements. Par exemple, elles pourraient voir plus de personnes – vaccinées elles aussi.
Toutefois, la question n’est pas si simple, comme l’explique Florence Caeymaex, présidente du Comité consultatif de bioéthique (CCB), à La Libre. Son comité a travaillé sur la question et pour l’instant, il considère que ce ne serait pas équitable. En effet, en Belgique, la vaccination est divisée en publics cibles. Certaines personnes – le personnel soignant, les personnes âgées, les personnes avec des comorbidités – sont vaccinées en priorité, car elles ont plus de risques de tomber malades. Toute une partie de la population n’a donc pas encore eu le droit de se faire vacciner. ‘Tant que tous ceux qui le souhaitent n’ont pas encore eu la chance d’être vaccinés, on ne peut pas faire de distinction entre les deux catégories : vaccinés et non vaccinés’, indique Paul Cosyns, vice-président du Comité consultatif de bioéthique.
La Belgique ne semble donc pas se lancer dans un processus de certificat vaccinal avant que la vaccination n’ait été accessible à toutes les personnes de plus de 18 ans. ‘On se trouve dans une période de transition au cours de laquelle il faut de la solidarité’, précise Cosyns.
Vie sociale
Toutefois, les arguments pour un certificat existent aussi. Les confinements ont un impact significatif sur le mental de la population. En Belgique, les services de première ligne pour les problèmes psychologiques sont débordés, indique une enquête de la RTBF. Dépression, anxiété, solitude, etc. Le manque de liens sociaux est de plus en plus difficile à supporter pour de nombreux Belges et déconfiner les activités sociales (horeca, culture, école, bulle sociale, etc.) devient urgent.
Le Comité consultatif de bioéthique dans son questionnement est pris entre deux points importants : ‘garantir la santé physique et l’accès aux hôpitaux pour les gens qui contractent les formes les plus graves de la maladie’ et ‘limiter les dégâts sur le lien social […] et dont dépend aussi la santé mentale des individus’, explique Florence Caeymaex.
Motivation
Un autre point en faveur de certificats vaccinals est de motiver la population à se faire vacciner. C’est d’ailleurs l’une des principales raisons du ‘certificat vert’ israélien. En offrant de nouvelles libertés aux personnes vaccinées, les personnes qui n’étaient pas convaincues de se faire vacciner feront le pas plus facilement.
En Wallonie, la question pourrait à l’avenir réellement se poser. Car, comme l’a souligné le ministre président flamand Jan Jambon (N-VA), la culture antivax est plus présente en Wallonie et à Bruxelles. Il y a donc une crainte que la Wallonie n’atteigne pas l’immunité de groupe, car trop de personnes auraient refusé de se faire vacciner. Un certificat vaccinal pourrait donc encourager les plus indécis. Mais en échange, il provoquerait certainement la colère des antivax, considérant qu’ils sont discriminés par rapport à leurs opinions.
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