L’introduction en bourse cauchemardesque de ce prêteur hypothécaire américain : -93% en une seule séance

Better.com est un prêteur hypothécaire américain. Son patron, Vishal Garg, s’était rendu célèbre en 2021 pour avoir viré 900 personnes via Zoom. Le karma a frappé : les actions ont dégringolé de 93%, ce jeudi, pour la première séance publique de l’entreprise. Le monde impitoyable des IPO.

Pourquoi est-ce important ?

Cette dégringolade montre deux choses : d'abord, la situation difficile des IPO et en particulier des SPACS. Une special purpose acquisition company est une société qui entre en bourse dans le but de lever des fonds, généralement en vue d'une acquisition, dans un délai de deux ans. Ensuite, cela nous montre la confiance que les investisseurs accordent dans le marché immobilier américain.

Dans l’actu : l’IPO ratée de Better.com.

  • Les actions de cette société soutenue par Softbank ont plongé de 93% pour leur première séance, de 16 à 1,19 dollars, au Nasdaq.
  • Better.com n’a pas choisi la bonne journée : l’indice qui regroupe la tech américaine a perdu près de 2% ce jeudi, lors de l’une des pires séances de l’année.
  • Better.com a fait sa demande d’IPO en 2021, pour consolider sa fusion avec la SPAC Aurora. Un long chemin de croix : l’intérêt pour les SPACS et le nombre de prêts hypothécaires ayant faibli entre-temps.
  • Avant sa fusion avec Better, Aurora avait atteint un sommet sur 52 semaines de 62,91 dollars.

L’essentiel : ce que nous dit cette ipo désastreuse.

  • Les déboires de l’entreprise : en décembre 2021, Vishal Garg, le CEO qui n’a visiblement pas sa langue en poche, licenciait 900 personnes via Zoom, en visioconférence. Quelques mois plus tard, 3.000 autres employés vidaient leur bureau, puis encore 1.000 employés supplémentaires. Finalement, l’entreprise a supprimé 91 % de ses effectifs sur une période de 18 mois. Vishal Garg a rejeté la faute sur tout le monde – les marchés, ses employés peu performants – sauf sur lui. Pourtant, ses propres dépenses excessives ont été pointées du doigt à l’époque. Même si la fusion avec Aurora a remis du beurre dans les épinards – 565 millions de dollars de nouveaux capitaux – Better a enregistré une perte nette de près de 90 millions de dollars au premier trimestre fiscal.
  • Un marché immobilier aux abois : Better est un prêteur en ligne spécialisé dans les prêts hypothécaires. Comme d’autres sociétés, elle a profité du retrait des banques des prêts hypothécaires en raison des réglementations imposées après la crise financière de 2008. La société promet un processus plus rapide et moins couteux. Le problème est que les perspectives de logements sont sombres : les taux hypothécaires sont au plus haut depuis 2000 aux États-Unis, à 7,31%. Or la majorité des propriétaires américains ont un taux égal ou bien inférieur à 5%, ils sont donc réticents à mettre leur bien en vente en vue de déménager, ce qui crée une pénurie d’offre.
  • La longue agonie des IPO et des SPACS : les introductions en bourse et la valeur qu’elles génèrent étaient en forte baisse en 2022, et cette tendance semble se confirmer en 2023. Les marchés boursiers profitent surtout aux gros acteurs, mais peuvent être impitoyables avec les nouveaux venus. On le voit par exemple avec le poids démesuré des GAFAM dans le Nasdaq ou même le S&P 500. En 2022, quelque 115 SPACS évaluées à 31,5 milliards de dollars ont retiré leurs documents d’introduction en bourse, selon Dealogic.

Vishal Garg est néanmoins optimiste et dit avoir changé son approche : « J’ai travaillé très très dur pour changer la façon dont je me présente à l’équipe chaque jour, pour être plus empathique et pour les traiter avec le même niveau de gentillesse que j’ai montré à nos clients », a-t-il déclaré récemment à TechCrunch. « Les meilleurs jours sont à venir », a-t-il commenté hier dans un communiqué.

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