Le choix d’Huawei prouve que l’Allemagne est l’esclave de son excédent commercial

Ces derniers jours, plusieurs politiciens allemands ont écrit des articles d’opinion sur la récente décision de la chancelière Angela Merkel d’ouvrir la porte du réseau 5G au chinois Huawei.

Un peu plus tôt ce mois-ci, le journal allemand Handelsblatt a rapporté qu’Angela Merkel était personnellement intervenue en faveur de Huawei, une entreprise de télécommunication chinoise, lors du choix des fournisseurs pour le réseau 5G en Allemagne. Selon le journal, la chancelière craignait une rupture avec la Chine. Selon elle, l’Allemagne ne pourrait se le permettre. D’après le journal allemand, l’intervention de la chancelière dans de telles décisions administratives est exceptionnelle.

La 5G: la colonne vertébrale de l’économie numérique

Dans le même Handelsblatt, un certain nombre de politiciens écrivent à présent que Merkel a pris la décision sous la pression de sociétés telles que Volkswagen, qui opèrent en Chine et craignent des représailles. Selon eux, le catalogue de sécurité de l’agence de réseau fédérale (‘Bundesnetzagentur’) ne tient pas compte de l’importance stratégique du réseau 5G. Cette Bundesnetzagentur supervise le processus d’appel d’offres pour le réseau 5G. Selon les politiciens, la 5G deviendra rien de moins que la colonne vertébrale de l’économie numérique. Ils donnent l’exemple de l’infrastructure requise pour faire focntionner les voitures autonomes.

La loi chinoise stipule que Huawei est légalement tenu de coopérer avec le Parti communiste. Les six politiciens ne sont pas convaincus que les Allemands doivent maintenant se laisser guider par les promesses de Huawei. Le pays deviendrait ainsi dépendant d’un unique fournisseur. Il serait préférable que l’UE et l’Allemagne renforcent la position de deux acteurs européens : Ericsson et Nokia. Sinon, ils risquent d’être complètement mis à l’écart. Enfin, ils soulignent que la décision finale doit être prise par le Bundestag et non par Merkel. 

Le Frankfurter Allgemeine Zeitung donne également la parole à deux spécialistes étrangers. Ils préviennent qu’en cas de conflit géopolitique avec la Chine, Huawei agira conformément aux intérêts nationaux de la Chine. Ils concluent que Merkel a porté atteinte aux intérêts de la sécurité allemande, et, partant, à l’économie et à la diplomatie. D’autant que l’UE compte deux des trois fournisseurs mondiaux de la 5G.

Les conséquences d’un modèle économique orienté vers l’exportation

Enfin, Wolfgang Munchau, spécialiste européen du Financial Times, note que nous sommes une fois de plus confrontés aux conséquences d’un modèle économique orienté vers l’exportation. Les excédents commerciaux créent une dépendance, écrit Munchau. Cette dépendance signifie que l’Allemagne n’a pas de politique étrangère stratégique, car cela pourrait nuire aux intérêts commerciaux à court terme. Selon lui, ce manque de stratégie ne sera corrigé qu’en réduisant l’excédent commercial.

Les États-Unis avaient déjà menacé de restreindre l’accès de l’Allemagne à des informations confidentielles en mars si le pays équipait son réseau 5G grâce au spécialiste chinois des télécommunications, Huawei. S’il est autorisé à construire le réseau allemand, toute information que les Etats-Unis transfèrent à Berlin finira par aboutir en Chine, craint-on à Washington.

La Belgique

En Belgique, la 5G ne sera probablement pas disponible avant deux ans. Bien que certains pays l’aient déjà, le dossier en Belgique s’est enlisé dans un marécage politique et la vente aux enchères du spectre 5G a été reportée.

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