19 jours avant les élections, Joe Biden reste encore largement invisible, tandis que son opposant, Donald Trump, se déchaîne comme à son habitude. Alors qu’il y a deux mois, l’équipe de campagne de Joe Biden paniquait à cause du surnom ‘Hiden Biden’, inventé par l’équipe Trump, aujourd’hui, il semble que la stratégie ait fonctionné. Peut-être parce que les gens aiment les politiciens qui n’apparaissent pas 24 h/24 sur leur téléviseur. Si Biden reste discipliné dans son message principal – soit encourager les gens à voter – il sera certainement à la Maison Blanche en janvier.
Biden bénéficie également d’un soutien total de la part des chaînes d’informations classiques politiquement au centre ou de centre-gauche comme CNN, CNBC, ABC et CBS. Pourtant, au cours des 45 derniers jours, les journalistes ne lui ont même pas posé la moitié des questions qu’ils ont adressées à l’omniprésent Trump. Cela ressort clairement des chiffres de campagne du président.
Biden : ‘Less is more’
Une série de questions restent donc sans réponse: la position de Biden sur la Cour suprême, les soins de santé gratuits, le financement de la police, les fonds pour les Afro-Américains, le ‘Green New Deal’, etc. Mais la presse de gauche ne veut pas lui laisser la tâche si facile pour autant. Le tabloïd New York Post a, par exemple, publié un article mercredi peignant un très mauvais portrait de Biden. Mais même Twitter et Facebook ont pris le parti de Biden et ont refusé de relayer cet article.
Par ailleurs, l’ancien vice-président profite également d’une indéniable ‘Trump fatigue’ qui touche tout le pays. Ce que Steve Jobs savait depuis un certain temps s’applique désormais à Biden : ‘Less is more’.
Trump : ‘More is less’
La devise de Trump serait plutôt tout l’inverse : ‘More is less’. Si Trump a réussi à tirer pleinement parti de ‘l’économie de l’attention’ en 2016, sa recette ne semble plus faire effet. Le message lors de ses événements ‘en direct’ est toujours le même qu’en 2016. (Hilary Clinton doit souvent encore subir le fameux ‘Lock her up’). Mais le tsunami de tweets et de retweets de Trump n’impressionne plus personne. Par exemple, le président a retweeté mardi un message affirmant que ‘Ben Laden était toujours en vie et qu’Obama et Biden avaient mis en scène sa mort’. Plus personne n’est choqué que l’homme en possession des codes nucléaires puisse dire de telles absurdités.
Rudy Giuliani, qui fait campagne pour Trump, se répète également. Pendant ses réunions, il ne sort pas de ses histoires classiques sur la dépendance à l’héroïne de Hunter Biden (le fils de Joe), des théories du complot sur George Soros, sur Black Lives Matters et la démence de Biden. On n’entend pas encore beaucoup parler du ‘Build the Wall’, étonnant.
Une répétition des ‘Best Of’ de Trump
Tout ressemble à l’émission de télé-réalité qui a duré 4 ans et qui semble toucher à sa fin, tout comme la présidence de Trump. Même sa chaîne préférée Fox ne diffuse plus ses rassemblements de campagnes dans leur intégralité. Seuls certains bouts de l’événement sont gardés à l’antenne. Trump encourage d’ailleurs sa base de fidèles à passer sur des médias marginaux tels que OANN, Newsmax et C-SPAN. Les chiffres d’audience de ces chaînes ne sont même pas étudiés par les agences spécialisées.
Biden lui laisse couler, et laisse simplement Trump être Trump. Parce qu’il n’y a rien que Biden puisse dire ou faire qui peut égaler l’impact négatif que Trump s’inflige à lui-même à chaque fois qu’il ouvre la bouche ou qu’il tweet. Si les sondages sont corrects – ils semblent plus précis qu’en 2016 – le silence stratégique de Biden pourrait lui suffire pour décrocher le jackpot dans 19 jours.