Ces dernières semaines, plusieurs éminences grises ont quitté le navire Meta. Les raisons qui les ont poussées à s’en aller ne sont pas très claires. Mais c’est de toute façon une mauvaise nouvelle pour l’entreprise de Mark Zuckerberg.
Meta est en train de perdre ses meilleurs experts en intelligence artificielle, révèle la CNBC. Au moins quatre membres « éminents » de Meta AI ont quitté l’entreprise ces derniers mois. A savoir:
- Edward Grefenstette, un chercheur scientifique qui a dirigé les efforts de Meta dans une branche de l’IA nommée « reinforcement learning ». Il a quitté l’entreprise en février.
- Heinrich Kuttler, l’un des responsables de l’ingénierie de recherche de Meta AI. Il est parti ces dernières semaines pour rejoindre Inflection AI, une start-up créée par Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind, où il avait déjà travaillé avant de rejoindre Facebook/Meta.
- Ahmad Beirami, un chercheur scientifique. Il a quitté Meta en janvier pour rejoindre Google.
- Douwe Kiela, lui aussi chercheur scientifique. Il a claqué la porte de Meta après y avoir passé cinq ans. Il est désormais directeur de la recherche de la start-up d’IA Hugging Face.
Ils ont tous publié des dizaines d’articles universitaires dans des revues de renommée mondiale et ont fait de multiples percées que Meta a utilisées pour améliorer Facebook et Instagram, note CNBC.
Ces départs s’ajoutent à ceux de Rob Fergus et Marc’Aurelio Ranzato. Respectivement cofondateur du laboratoire d’IA de Meta et directeur de recherche scientifique dans ce même bureau, ils sont partis en 2020 et 2021. Tous deux ont rejoint DeepMind.
Pourquoi ?
Selon des sources restées anonymes, cette fuite des cerveaux devrait se poursuivre dans les semaines et mois à venir. Aucun des quatre ex employés cités ci-dessus n’a toutefois souhaité s’expliquer sur les raisons qui les ont poussés à quitter l’entreprise de Mark Zuckerberg.
Les motifs des départs seraient multiples. « Certaines personnes passent à un autre grand laboratoire parce qu’elles pensent que cela fera mieux avancer leur carrière ou leur programme de recherche », a simplement expliqué une source. « D’autres partent parce que la rémunération ou le potentiel de recrutement de leur équipe est meilleur ailleurs. D’autres encore veulent simplement créer une start-up ou s’impliquer dans une plus petite entreprise. Pour certains, cela peut être lié à la chute des actions de Meta, mais je ne dirais pas que c’est nécessairement la raison principale. »
Rappelons aussi que Facebook/Meta a vu son image sérieusement écornée en fin d’année dernière, suite aux révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen. Des milliers de documents à l’appui, cette ex employée a accusé l’entreprise de privilégier son profit au détriment de la sûreté des données de ses utilisateurs et de l’éthique.
Le scientifique en chef de Meta, Yann LeCun, qui a cofondé le laboratoire d’IA de l’entreprise en 2013 a répondu que « les gens ont des intérêts changeants et passent à autre chose. »
Exode au bureau londonien ?
Si les cas évoqués ici concerne des figures de l’entreprise, d’autres départs, à des échelons inférieurs – mais tout aussi cruciaux – , sont également survenus ces derniers mois. Surtout au bureau londonien de Meta, selon Karl Hermann, un entrepreneur en IA qui travaillait auparavant au laboratoire rival DeepMind.
« Le bureau londonien de Meta vient de s’effondrer et ils ont perdu la plupart de leurs [meilleurs] chercheurs en l’espace de six semaines », a-t-il déclaré.
Neil Lawrence, professeur d’apprentissage automatique à l’université de Cambridge, a confié qu’il n’était pas surpris. « Mark [Zuckerberg] est est à fond sur Meta maintenant… Et ils n’ont jamais investi correctement dans quoi que ce soit à Londres en premier lieu », a-t-il expliqué.
Pour Yann LeCun, ce n’est tout simplement pas vrai. « Il n’y a pas eu de migration détectable chez FAIR (Facebook AI Research) London ni sur les autres sites », a-t-il assuré.
Pour être complet, notons que Meta a également engagé ces dernières des personnes qui travaillaient chez la concurrence, dont DeepMind. Conscientes que l’IA va changer le monde, de nombreuses entreprises bien établies et start-ups multiplient les efforts pour attirer les meilleurs chercheurs dans leurs filets.