Faute d’exportations suffisantes, la Russie pourrait être contrainte de réduire sa production de pétrole brut de 30%. De quoi favoriser l’apparition de la plus grande crise d’approvisionnement depuis des décennies, à moins que d’autres grands exportateurs d’énergie reprennent le flambeau et se mettent à pomper davantage. Mais cette solution semble pour l’instant loin d’être idéale.
Les sanctions occidentales infligées à la Russie pourraient avoir un important effet pervers sur l’économie mondiale. Car en raison des pressions pour boycotter le pétrole russe, la demande des compagnies pétrolières, des maisons de commerce et des compagnies maritimes chute, de sorte que Moscou pourrait être contraint à réduire sa production de barils par jour dès le mois d’avril, a averti l’Agence internationale de l’Énergie (AIE), ce mercredi.
Le deuxième plus grand exportateur mondial de pétrole brut pourrait ainsi passer de 10 millions de barils de pétrole brut par jour – dont la moitié était encore exportée avant l’invasion de l’Ukraine – à seulement 3 millions de barils par jour.
Or, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mondiale déjà mise à mal depuis le début de la guerre.
Des changements durables sur les marchés de l’énergie
« Les implications d’une perte potentielle des exportations de pétrole russe vers les marchés mondiaux ne peuvent être sous-estimées », a déclaré l’AIE dans un rapport consulté par CNN. La crise pourrait entrainer des changements durables sur les marchés de l’énergie, continue le rapport.
La Russie n’a pas d’autre choix que d’offrir son pétrole brut à un prix très avantageux pour poursuivre son commerce avec des compagnies pétrolières et des banques mondiales refroidies par les sanctions occidentales et les pressions pour ne pas traiter avec Moscou. De plus, le boycott du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Australie – et maintenant la Lituanie – affecte 13% des exportations russes. Le pays se retrouve dans une situation difficile à ce niveau.
Flambée des prix exacerbée
Les raffineurs du monde entier se bousculent pour trouver des alternatives au pétrole brut russe, mais ces derniers pourraient eux aussi être contraints à réduire leur activité, faute de matière première ce qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour les consommateurs mondiaux, déjà frappés par la hausse des prix des énergies.
Car, la Russie reste le 2e plus grand exportateur de pétrole brut au monde. Lui tourner le dos équivaut à faire une croix sur d’importants volumes de pétrole brut. Malheureusement, les deux seuls producteurs à disposer des capacités suffisantes pour palier l’absence de la Russie – l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis – ne semblent pas prêts à exploiter leurs réserves, selon l’AIE.
« L’incapacité de longue date du bloc [de l’OPEP+] à respecter ses quotas convenus, principalement en raison de problèmes techniques et d’autres contraintes de capacité, a déjà entrainé une forte baisse des stocks mondiaux », a déclaré l’AIE. Sans un changement radical de position des principaux producteurs de pétrole, les marchés mondiaux seront sous-approvisionnés aux deuxième et troisième trimestres 2022, met en garde l’agence.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est rendu dans le Golfe pour tenter de faire changer d’avis les dirigeants des deux pays.