Après l’embargo sur le pétrole russe, Biden se tourne vers les Saoudiens et les Emiratis: ils ne lui répondent même pas

Mardi, Joe Biden a officialisé ce qui était dans l’air depuis quelques jours: les USA vont arrêter d’importer du pétrole depuis la Russie. Dans la foulée, le président américain a souhaité négocier avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis pour que les deux pays augmentent leur production – et ainsi limiter la hausse des prix. Il s’est heurté à un mur.

D’après des informations du Wall Street Journal, tant l’Arabie saoudite que les Emirats arabes unis ont tout simplement refusé de répondre au téléphone quand Joe Biden les a appelés. Les deux pays, alliés, ont rappelé que leurs relations avec les Etats-Unis s’étaient détériorées depuis l’arrivée du démocrate à la Maison Blanche.

Biden avait effectivement adopté un ton moins clément envers l’Arabie saoudite lors de son entrée en fonction. Il avait notamment annoncé en février 2021 retirer le soutien américain à l’intervention dirigée par Ryad dans la guerre civile au Yémen. Quelques mois plus tard, il avait toutefois conclu de nouvelles ventes d’armes avec les Saoudiens et les Emiratis. En février dernier, les Américains ont aussi envoyé à ces derniers l’USS Cole, un destroyer lance-missiles, ainsi que des avions de combat de 5e génération, pour qu’ils se défendent contre les Houthis.

Dans ce dossier, Ryad et Abou Dabi souhaitent en réalité que les Etats-Unis redésignent les Houthis comme une organisation terroriste. Un choix qui « non seulement couperait les ressources à l’opposition mais porterait ce qui pourrait être un coup fatal à des millions de Yéménites car cela couperait inévitablement davantage d’aide au pays », commente commente le Quincy Institute for Responsible Statecraft, une organisation qui œuvre pour la paix via la diplomatie

Immunité pour le commanditaire de l’assassinat de Khashoggi

Outre un soutien encore plus marqué des Américains dans la guerre au Yémen, les Saoudiens leur demandent d’accorder l’immunité au prince héritier Muhammed bin Salman. Lequel est, selon la CIA, le commanditaire de l’assassinat du journaliste américain Jamal Khashoggi, tué à au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul il y a trois ans et demi. Biden traite déjà volontiers avec son père, le roi Salman, avec lequel il s’est encore entretenu il y a un mois.

De plus, les Saoudiens réclament de l’aide pour leur propre programme nucléaire civil, face aux avancées de celui de l’Iran. Les Emiratis et eux se disent préoccupés par la relance de l’accord sur le nucléaire iranien, qui ne répond pas à leurs autres préoccupations en matière de sécurité et qui est entré dans la phase finale des négociations ces dernières semaines. Des discussions qui pourraient aboutir à une remise sur le marché d’importants volumes de pétrole iranien.

Yousef Al Otaiba, l’ambassadeur des Émirats arabes unis aux États-Unis, a confirmé que les relations entre les deux pays étaient tendues. « Aujourd’hui, nous traversons un stress test, mais je suis convaincu que nous allons nous en sortir et arriver à un meilleur endroit », a-t-il déclaré, cité par le Guardian.

Réouverture des canaux diplomatiques avec le Venezuela

Visiblement décidé à rétablir des relations avec des pays jusqu’ici honnis, Biden a également rouvert des canaux diplomatiques avec le Venezuela. Il a envoyé des diplomates à Caracas pour aplanir un désaccord avec le président Nicolas Maduro, que le gouvernement américain ne reconnaît pourtant pas comme le dirigeant légitime du pays.

L’objectif serait de briser l’alliance entre la Russie et Maduro. En vue, bien sûr, de remettre la main sur le pétrole vénézuélien.

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