L’Europe envisage bien de découpler le prix des énergies renouvelables de celui du gaz

À l’heure actuelle, c’est le prix du gaz qui fixe celui de l’énergie, ce qui fait monter la facture pour les consommateurs. L’UE voudrait bien se débarrasser de ce mécanisme, mais c’est loin de faire l’unanimité.

Pourquoi est-ce important ?

L'Union européenne a une grande priorité pour l'année qui commence : l'énergie. Elle doit à la fois en sécuriser l'approvisionnement et en limiter le prix, alors que la facture pèse lourd pour les ménages. Mais sur ce dossier, rien n'est simple.

Kadri Simson, la commissaire européenne à l’Énergie, a confirmé que l’UE planchait sur une réorganisation du marché de l’électricité de l’Union, afin d’en réduire le coût tout en privilégiant le renouvelable.

  • La Commission suggère de faire en sorte que l’énergie renouvelable reflète davantage ses « coûts de production réels », selon le Financial Time, qui a pu consulter un projet de document exposant les réformes possibles.
  • Sur le marché européen interconnecté, le prix de l’électricité est ajusté sur le prix de revient de la dernière source d’énergie mobilisée pour répondre à la demande.
  • Or, une fois leurs infrastructures fonctionnelles en état de marche, les énergies renouvelables et nucléaires sont quasiment gratuites. À l’inverse du gaz qui, de facto, sert d’étalon au prix.
  • Un couplage des différentes sources d’énergie qui pourrait bien sauter : la commission subit une « pression politique très forte » pour remodeler le marché afin de réduire les factures des consommateurs, admet Kadri Simson. « Nous travaillons dans des circonstances extraordinaires et mettons en œuvre les réformes plus rapidement que la Commission ne le fait habituellement. »

Une bonne idée, vraiment ?

Si cette mesure est sur la table, cela fait longtemps qu’elle suscite des empoignades au sein de l’Union.

  • Elle permettrait de faire baisser les factures : pour l’instant, les Européens paient leur énergie sur le cours du gaz, même quand leur électricité provient d’une source renouvelable ou du nucléaire.
  • Mais elle pourrait aussi faire baisser les investissements dans le renouvelable : ceux-ci sont justement importants pour l’instant, car le prix du gaz est élevé, clament les opposants à un découplage.
  • L’idée est soutenue par la France, qui compte sur le nucléaire, et par l’Espagne, qui produit la majeure partie de son électricité via le renouvelable. Mais elle est très critiquée par la Norvège, devenue principale fournisseuse de gaz de l’UE.

« Le plafonnement des prix ne résout pas le problème fondamental du manque d’énergie sur le marché européen. En fixant un plafond de prix, on risque d’aggraver la situation sous-jacente. »

Amund Vik, secrétaire d’État norvégien au ministère du Pétrole et de l’Énergie
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