Erdogan en visite à Bruxelles pour discuter de la crise à la frontière turco-grecque

L’Union européenne doit rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan lundi pour discuter de la situation d’urgence à la frontière turco-grecque. Des milliers de réfugiés, principalement en provenance de Syrie, y sont devenus le jouet d’un conflit entre la Turquie et l’UE à propos de la migration et de la guerre en Syrie.

Dans un accord controversé de 2016, la Turquie avait accepté de garder des millions de réfugiés, principalement en provenance de la Syrie voisine, à l’intérieur de ses frontières. En retour, Erdogan a reçu une aide financière de 6 milliards d’euros de l’UE. À cause du regain de violence en Syrie, la Turquie estime maintenant que l’accord doit être reconsidéré. Le chef de l’Etat turc, allié de l’OTAN, souhaite également un soutien européen contre l’agression russo-syrienne dans la province d’Idleb.

‘Ouvrez les portes de l’Europe’

Il y a deux semaines, Ankara a annoncé qu’elle n’empêcherait plus les réfugiés de vouloir se rendre en Europe. La Turquie accueille actuellement près de 4 millions de réfugiés, principalement en provenance de Syrie. Alors que la violence dans la province syrienne frontalière d’Idleb s’est à nouveau intensifiée il y a quelques semaines, il pourrait y avoir un autre afflux de centaines de milliers de personnes en provenance du voisin turc déchiré par la guerre. La capacité d’accueil de la Turquie a été progressivement atteinte et Erdogan est sous pression électorale en raison du grand nombre de réfugiés.

Il espère que l’UE partagera le fardeau et reconsidérera l’accord controversé sur les réfugiés. Ankara a accusé à plusieurs reprises le bloc européen de ne pas remplir sa part de l’accord.

‘Nous avons rempli nos obligations dans le cadre de l’accord, l’UE ne l’a pas fait. L’Europe n’a apporté qu’une contribution minimale. J’espère revenir de Bruxelles avec des résultats différents’, a déclaré le président turc lors d’un discours à Istanbul samedi.

La Turquie accuse l’UE de ne pas avoir tenu ses promesses concernant notamment l’exemption de visa pour les Turcs et l’amélioration de l’union douanière.

Situation tendue dans les îles grecques

Depuis qu’Erdogan a ouvert les ‘portes de l’Europe’, la situation dans la région frontalière entre la Grèce et la Turquie est pour le moins explosive. Depuis cinq ans maintenant, des îles grecques comme Lesbos accueillent beaucoup plus de réfugiés que leur capacité ne le permet. Ils reçoivent très peu de soutien de l’UE et aucune perspective de solution. Dans le tristement célèbre camp de Mória à Lesbos, 15.000 migrants sont réunis depuis des années, alors que les installations n’ont été réalisées que pour un maximum de 3.000 personnes.

Alors que des centaines de personnes traversent à nouveau en canot pneumatique, la réaction grecque n’est rien moins qu’hostile. Les villageois des villes frontalières forment des patrouilles civiles pour traquer les migrants. Les habitants de l’île ont mis en place des barrages routiers pour les empêcher d’atteindre les camps de réfugiés. D’autres ont attaqué physiquement des travailleurs humanitaires et des journalistes et les ont accusés d’aider les migrants. Des images de bateaux arrêtés par des harpons ont circulé sur Internet. Les Grecs se sont déclarés prêts à prendre les armes dans divers médias.

Soutien contre l’agression syro-russe

Après que quelque 1.700 migrants se soient retrouvés dans ces conditions à Lesbos et dans d’autres îles de la mer Égée la semaine dernière, Erdogan a semblé ralentir. Il a ordonné à ses gardes-côtes d’arrêter les migrants souhaitant refaire la traversée risquée. Aujourd’hui, le président turc vient donc à Bruxelles pour jouer sa carte. Des discussions sont prévues avec le président du Conseil européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. ‘Migration, sécurité et stabilité dans la région’ seront à l’ordre du jour, a déclaré dimanche le Conseil européen.

Ankara veut non seulement une aide pour l’accueil des réfugiés de guerre, mais aussi un soutien européen dans le conflit syrien lui-même. Dans la province frontalière syrienne d’Idleb, les troupes turques soutiennent les rebelles qui mènent une bataille inégale contre les troupes du gouvernement syrien. Et les troupes d’Assad sont soutenues par l’armée de l’air russe.

Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont convenu jeudi d’un cessez-le-feu temporaire. Une décision prise à la suite de l’escalade de la violence au cours de laquelle la Turquie a lancé une offensive contre le régime de Damas, pour se venger de la mort de 59 soldats turcs.

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