Ce qu’Elon Musk et Donald Trump ont en commun

En apparence, ils n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Elon Musk a même décidé de soutenir le grand adversaire de Donald Trump, Ron DeSantis, lors des prochaines élections américaines. Pourtant, tous deux ont découvert le meilleur moyen d’être en permanence sous les feux de la rampe : choquer et créer en permanence de nouvelles polémiques. Même si, en tant que citoyen, vous devriez toujours être indigné, le cycle des nouvelles est si rapide que vous avez déjà oublié le dernier mensonge. Bienvenue dans le monde du trop-plein d’informations que les manipulateurs exploitent avec gourmandise.

La confiance s’acquiert lentement et se perd rapidement. C’est un fait bien connu. On se construit soigneusement une image et on réfléchit consciemment à la façon dont on se présente en tant qu’homme politique ou chef d’entreprise sur toutes les plateformes médiatiques.

Cependant, Donald Trump est le manipulateur par excellence qui a découvert une nouvelle technique : bombarder les médias de tant de contre-vérités, de citations audacieuses sur ses adversaires et de ragots que toute personne pensante sérieuse renonce à essayer d’y répondre.

L’idée que le trop-plein d’informations est une stratégie qui fonctionne est aujourd’hui le mantra des populistes. Donald Trump et Boris Johnson ne connaissent que trop bien ce mantra. En créant sans cesse de l’auto-information, plus personne ne parvient à définir les priorités et à déterminer le débat.

Ce sont eux qui déterminent les sujets traités par les médias, et non l’opposition ou d’autres groupes d’intérêt. Boris Johnson l’a même expliqué clairement. Il a déclaré sans aucune gêne qu’il avait une nouvelle stratégie : « Je vais faire tellement de gaffes que personne ne saura plus sur laquelle se concentrer. »

S’ils n’avaient pas géré leur pays avec autant d’incompétence, ils seraient sûrement encore au pouvoir, car cette technique fonctionne très bien dans les démocraties d’aujourd’hui, avec le besoin permanent d’informations des médias 24/7. Le Hongrois Viktor Orban montre que si l’on choque les médias tous les jours, mais que l’on gère le pays avec une certaine compétence, on peut rester au pouvoir.

Il en va de même pour Israël, où Benyamin Netanyahou dirige le pays avec une coalition d’ultra-droite, où de nouvelles sont également faites tous les jours. Et plus elles sont choquantes, mieux c’est.

D’ailleurs, cela n’a rien à voir avec la gauche ou la droite. Des dictateurs sud-américains comme Nicolas Maduro, qui se réclame du socialisme, se comportent de la même manière.

Deux poids, deux mesures

Et c’est là que le génie industriel Elon Musk entre en scène. Avec Twitter, il avait déjà son propre mégaphone et il ne trouve rien de mieux que de provoquer en permanence.

Il est très ami avec les Chinois, contre lesquels il n’ose pas réagir, et il obéit servilement au Parti communiste. Toujours en costume bien ajusté lorsqu’il doit s’y rendre, mendiant une rencontre au plus haut niveau.

Dans le monde occidental libre, il joue à la fois le cow-boy dur à cuire et le transgresseur des fondements de notre démocratie. « Je tweeterai ce que je veux même si cela me fait perdre de l’argent », s’écrie-t-il.

Il est le propriétaire de la plus grande plateforme médiatique et choisit en permanence son camp, comme aujourd’hui encore avec son choix de Ron DeSantis. Une pratique qu’il a empruntée à Rupert Murdoch, qui fait de même avec Fox News et qui a récemment dû payer de lourdes amendes pour la diffusion de tant de mensonges sur la chaine.

Il est tout de même curieux que chaque question sur Twitter provenant de la presse soit répondue par un emoji en forme d’excrément.

George Soros doit lui aussi souffrir

Il y a quelques semaines, Elon Musk s’est mis en tête d’attaquer également George Soros, qui, selon le propriétaire de Twitter, saperait la civilisation. L’attaque a été d’une telle ampleur que même les médias israéliens, qui ne sont pas vraiment des fans du cambiste d’origine hongroise, ont écrit qu' »ils sont tous Soros aujourd’hui ». Quiconque n’est pas d’accord est balayé d’une manière si grossière que cela en devient normal.

Pour ces attaques brutales et sans fondement contre Soros, ce dernier s’est finalement excusé, pour la première fois à notre connaissance.

Êtes-vous encore choqués ?

« Comfortably numb », chantait Pink Floyd il y a de nombreuses années dans son chef-d’œuvre « The Wall ». C’est ce que nous sommes devenus face à des populistes comme Trump et Musk. Ils utilisent les médias pour lancer sans cesse des controverses auxquelles nous devenons au bout d’un moment apathiques.


Xavier Verellen est auteur et copropriétaire de QelviQ Personal Sommelier.

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