Des chercheurs ont injecté du liquide céphalo-rachidien de jeunes souris dans des plus vielles pour améliorer leur mémoire, et ça leur a donné des idées pour l’humain

On est encore loin de pouvoir appliquer ces principes à l’être humain, mais l’expérience – et les possibilités qu’elle pourrait impliquer – est fascinante. Des scientifiques ont réussi à améliorer la mémoire de vieilles souris en leur injectant du liquide céphalo-rachidien de spécimens plus jeunes.

Décidément, le transfert de matières de jeunes souris vers des vieilles pour les faire rajeunir semble avoir la cote chez les scientifiques. Le week-end dernier, nous vous parlions en effet d’une expérience ayant mené des chercheurs à se rendre compte que la transplantation de microbes fécaux pouvait avoir des effets sur le cerveau et la rétine. Cette fois, il s’agit d’une infection de liquide céphalo-rachidien (LCR), celui dans lequel baignent le cerveau et la moelle épinière.

Lors de cette étude, principalement menée par des scientifiques de l’université de Stanford et publiée dans Nature, ont conduit une expérience en trois temps:

  1. Déterminer la qualité de la mémoire de vieilles souris. Celles-ci, âgées de 18 à 22 mois, ont reçu de légers chocs sur leurs pattes tout en étant exposées à du bruit et à une lumière clignotante. Ensuite, elles ont été remises à plusieurs reprises dans ces conditions, sans recevoir de choc. Et, pendant un certain temps, elles se sont « figées » face au bruit et à la lumière, montrant qu’elles les avaient associés aux coups sur leurs pattes. Après un certain nombre d’essais, elles ont fini par oublier ce lien. Cela a donc permis de calculer combien de temps cette association restait dans leur esprit.
  2. Leur injecter du LCR. Ces vieilles souris ont été divisées en deux groupes. Certaines ont reçu du LCR de jeunes souris (10 semaines), d’autres du LCR artificiel.
  3. Réévaluer la qualité de leur mémoire. Ces mêmes souris ont à nouveau été soumises au premier test, avec les légers chocs sur leurs pattes, le bruit et la lumière.
  4. Résultat. Les souris qui avaient reçu du LCR de jeunes spécimens ont obtenu de meilleurs résultats que lors de la première fois. Autrement dit, leur mémoire s’est améliorée.

Et ça ne s’arrête pas là

Après avoir lu cette expérience, vous vous direz qu’elle est peut-être intéressante et qu’elle pourrait un jour être utilisé pour l’être humain… mais que de toute façon, l’on n’en viendra jamais à prélever le LCR d’enfants pour améliorer la mémoire de leurs grands-parents. Et vous avez raison.

Pour éviter de passer par là, les scientifiques ont cherché à identifier précisément ce qui, dans le LCR des jeunes souris, permettait d’améliorer la mémoire. En vue d’utiliser ces connaissances dans de futurs médicaments. Et, bonne nouvelle, ils y sont parvenus.

« Lorsque nous avons examiné de plus près les modifications génétiques qui se sont produites dans l’hippocampe (une région du cerveau associée à la mémoire et au déclin cognitif lié au vieillissement), nous avons trouvé, à notre grande surprise, une forte signature de gènes appartenant aux oligodendrocytes », a expliqué Tal Iram, neurologue à l’Université de Stanford et coauteur de l’étude, à ScienceAlert.

Les chercheurs ont finalement pu en conclure que la perfusion d’un facteur de croissance des fibroblastes appelé FGF17 peut stimuler les cellules progénitrices des oligodendrocytes, dont la fonction principale est de produire de la myéline, qui recouvre et isole les fibres neuronales.

« Non seulement l’étude implique que le FGF17 a un potentiel en tant que cible thérapeutique, mais elle suggère également que les voies d’administration de médicaments qui permettent aux produits thérapeutiques d’accéder directement au LCR pourraient être bénéfiques dans le traitement de la démence. De tels traitements seront extrêmement utiles pour soutenir notre vieillissement de la population », concluent les scientifiques.

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