Dans la course pour se débarrasser du gaz russe, un acteur européen peut se distinguer: la Roumanie est assise sur un véritable trésor

En mer Noire, la Roumanie compte des réserves de gaz naturel. Elles n’ont jusqu’alors jamais été exploitées, faute d’intérêt des compagnies énergétiques à cause de conditions de production limitées. Mais le gouvernement voit une opportunité de se distinguer sur la scène et le marché européens, et veut accélérer les choses.

L’Europe est dans une course au gaz. Pour fin 2022, elle veut s’être débarrassée de deux tiers de ses importations de gaz russe, en gardant en tête que Poutine pourrait à tout moment arrêter les livraisons, également. Etat-Unis, Nigeria, Algérie et Qatar; l’UE s’approvisionne à toutes les sources qu’elle trouve. Une course sans fin, où toutes les promesses de livraisons supplémentaires, ensemble, sont pour l’heure encore insuffisantes pour remplacer les quantités consommées.

Dans cette course, un nouvel acteur européen pourrait se distinguer. La Roumanie extrait du gaz, mais jusque-là dans des conditions (et des quantités) limitées. Mercredi, le Sénat a voté en faveur d’une loi changeant les conditions de production qui pourra ainsi augmenter les quantités de gaz produit exporté. Jusque-là, les producteurs étaient obligés de vendre la moitié du gaz extrait sur le marché national, ce qui a freiné les ambitions d’extraction, rapporte Euractiv.

Réserves

C’est que la Roumanie a des réserves, les deuxièmes plus importantes de l’UE après les Pays-Bas, mais ne les exploite même pas assez pour être énergétiquement indépendante. L’hiver, le pays importe encore 20% de son gaz depuis la Russie. Sous la mer Noire, il y aurait ainsi des réserves d’entre 170 et 200 milliards de mètres cubes, une poche encore intouchée. Soit l’équivalent de ce que la Roumanie consomme sur 15 ans.

A côté de cela, les terres roumaines regorgent aussi de gaz et sont, elles, déjà exploitées. En 2010, la Commission européenne évaluait les réserves roumaines – en dehors de celles sous la mer Noire – à environ 600 à 700 milliards de mètres cubes. A la grosse louche, 100-150 milliards de mètres cubes devraient avoir été consommés depuis.

Cela peut sonner comme beaucoup, mais ce n’est que peu par rapport à ce que l’UE importe en gaz russe par an, à savoir environ 150 milliards de mètres cubes. Ces réserves pourraient donc être une pièce du puzzle pour remplacer le gaz russe.

A quand l’extraction?

L’extraction en mer Noire pourrait commencer dès 2040, rapporte Euractiv. Le changement de la loi doit encore passer par la Chambre basse, et devrait ensuite, si elle est adoptée, entrer en vigueur dès fin juin.

Une telle ouverture pourrait ensuite attirer des investisseurs. Jusqu’alors, 3,3 millions d’euros ont été injectés dans des projets de recherche et de développement, par Exxon Mobil notamment, mais la compagnie a déjà annoncé se retirer de la Roumanie. Pour véritablement lancer les activités en mer Noire, il y a encore des choses à faire.

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