Dans cinq ans, l’économie ukrainienne sera toujours plombée par les effets de la guerre

L’économie ukrainienne doit craindre une perte irréparable d’au moins 13 % d’ici 2027, selon le groupe de réflexion Oxford Economics dans une première estimation préliminaire.

Pourquoi est-ce important ?

Maintenant que la guerre en Ukraine semble partie pour se prolonger, les économistes tentent d'estimer quelles pourraient en être les conséquences pour les années à venir. Le tableau n'est pas rose.

L’économie ukrainienne s’est contractée de 35 à 50 % en mars, selon les autorités du pays. Après la quasi-stagnation dans certains secteurs au cours des premières semaines de l’invasion russe, les entreprises se sont adaptées dans la mesure du possible. Selon la Banque nationale d’Ukraine, 23 % des entreprises étaient encore fermées début avril, contre 30 % un mois plus tôt.

Sur la base de ces données initiales et de l’expérience des guerres au Liban, au Koweït et en Irak, Oxford Economics (OE dans le graphique ci-dessous) estime que l’économie ukrainienne se contractera de 34 % cette année, ce qui est presque aussi dramatique que les estimations précédentes de la Banque mondiale (BM dans le graphique) de moins 45 %, et du Fonds monétaire international (FMI), qui partait sur moins 35 %.

Un retour en arrière est-il possible ?

Une contraction économique durant une année marquée par la guerre est difficile à éviter. Mais qu’en est-il après ? Oxford Economics craint qu’une reprise complète, même après environ cinq ans, ne soit pas immédiatement envisageable. Sur la base de ces premières données et de l’expérience antérieure des guerres au Liban, au Koweït et en Irak, le groupe de réflexion a tenté d’établir un pronostic sur la reprise possible dans les années à venir.

Conclusion : en 2027, l’économie ukrainienne sera toujours inférieure de 13,5 %, soit près d’un septième, à celle d’avant la guerre. Des pays comme le Koweït et l’Irak se sont remis plus rapidement d’un conflit, mais cette comparaison n’est pas entièrement pertinente, selon les économistes. Pour les pays riches en pétrole, il est plus facile de remettre l’économie sur les rails grâce à une reprise de la production que pour une économie qui doit s’appuyer sur l’industrie, les services et l’agriculture.

« Dommages permanents »

« Toutefois, toute reprise ne serait que modérée, car les problèmes logistiques et les blocages portuaires perturbent les exportations, la majorité de la main-d’œuvre est toujours déplacée et les investissements sont lents à se redresser, compte tenu des niveaux élevés d’incertitude et de pertes financières », écrit Oxford Economics.

« En outre, il est déjà très probable que l’Ukraine perde définitivement une partie de ses capacités de production. La destruction de Marioupol et de ses deux principales usines sidérurgiques et métallurgiques entraînera à elle seule la perte permanente d’environ un tiers de la production de métaux. »

Isopix

Un impact différent pour chaque région

Le fait que Kiev ait tenu bon est un grand coup de pouce pour l’économie ukrainienne, car la capitale représente quelque 24 % du PIB. Sur la base des statistiques gouvernementales, on peut déduire qu’en réalité, seuls 29,5 % du produit intérieur brut de l’Ukraine sont directement affectés par les combats.

Si l’on en déduit également les régions récemment libérées, le chiffre tombe à 20%. Cela signifie qu’environ quatre cinquièmes de l’économie ukrainienne ne sont pas directement touchés par la guerre.

Pour l’instant, les prévisions tiennent compte de la perte permanente des territoires occupés par la Russie. Si la Russie parvenait à annexer durablement les régions de Donetsk et de Louhansk, la perte économique pour l’Ukraine serait évidemment encore plus importante.

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