Les mesures drastiques de l’Arabie saoudite face au coronavirus et à la chute du pétrole

L’Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, a annoncé ce lundi un plan d’austérité dans lequel elle va tripler sa TVA et cesser les allocations mensuelles à ses citoyens, après la chute historique du prix du pétrole et la pandémie du nouveau coronavirus.

Le pays espère tirer 100 milliard de riyals (24,61 milliards d’euros) de ces mesures, qui pourraient susciter un certain mécontentement dans l’opinion.

‘Il a été décidé la fin du versement de l’allocation de vie chère (versée aux Saoudiens) à partir de juin 2020 et que la TVA passerait de 5% à 15% à compter du 1er juillet’, a déclaré à l’agence de presse officielle SPA le ministre des Finances Mohammed al-Jadaan.

Grands projets ‘annulés, étalés ou reportés’

Par ailleurs, le gouvernement ‘annule, étale ou reporte’ les dépenses liées aux grands projets de développement destinés à moderniser l’économie du pays et la rendre moins dépendante des exportations de pétrole, a-t-il ajouté.

Le ministre a affirmé que la décision avait été rendue nécessaire par la ‘baisse sans précédent’ de la demande mondiale d’or noir et la ‘forte baisse des recettes pétrolières’ pour le pays.

Nouvelle réduction de la production

Le ministère saoudien de l’Energie a indiqué lundi avoir demandé à l’entreprise d’Etat Aramco de réduire sa production d’un million de barils par jour à partir de juin, dans le but de soutenir les cours du pétrole.

Cette baisse ramènerait la production du pays, le plus grand exportateur mondial de pétrole, à 7,5 millions de barils par jour, a précisé le ministère de l’Energie dans un communiqué cité par l’agence officielle SPA.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) – dont est membre l’Arabie saoudite – ainsi que ses principaux partenaires, réunis au sein de l’Opep+, se sont accordés le 12 avril sur une réduction de leur production de 9,7 millions de barils par jour (mbj) sur deux mois, une mesure exceptionnelle qui est entrée en vigueur le 1er mai.

Conformément à l’accord d’avril, l’Arabie saoudite a déjà réduit à 8,5 millions de barils son production, atteignant ainsi son niveau le plus faible en plus d’une décennie.

‘Le royaume cherche par cette nouvelle réduction à inciter les pays de l’Opep et les pays producteurs en dehors de l’Opep à respecter leurs promesses de réduction de leur production et à procéder à de nouvelles réductions en vue de soutenir la stabilité du marché pétrolier mondial’, a souligné le ministère saoudien de l’Energie.

39.000 cas d’infection

Il a également cité deux autres ‘chocs’ pour l’économie saoudienne: le ralentissement de l’activité liée aux mesures de confinement et les dépenses publiques ‘non prévues’ dans le secteur de la santé.

L’Arabie saoudite est le pays arabe du Golfe le plus touché par la pandémie, avec plus de 39.000 cas d’infection et 246 décès dus à la maladie, selon les derniers chiffres officiels.

La semaine précédente, Mohammed al-Jadaan avait averti que des mesures ‘douloureuses’ et ‘drastiques’ pour le budget du pays seraient nécessaires.

Pas de TVA avant 2018

Comme d’autres pays du Golfe, l’Arabie n’avait introduit de TVA qu’au 1er janvier 2018, en démarrant avec ce taux de 5%, sur fond de baisses des prix du pétrole depuis 2014.

Pour compenser la hausse du coût de la vie pour les moins favorisés, elle avait alors créé une allocation, qui représente des milliards de dollars de dépenses chaque année.

Le gouvernement estime que Ryad pourrait perdre la moitié de ses recettes fiscales liées au pétrole, lesquelles assurent 70% du total.

Budget dans le rouge

Alors que les premiers effets économiques de la pandémie de coronavirus se faisaient sentir, en mars, l’Arabie saoudite s’était lancée dans une guerre des prix en augmentant sa production et en abaissant le coût de la livraison pour ses clients, dans l’espoir de préserver voire augmenter ses parts de marché. Cette stratégie risquée a divisé les cours du pétrole saoudien par trois environ depuis le début de l’année.

Le royaume saoudien prévoit d’emprunter près de 60 milliards de dollars sur l’année pour financer son déficit budgétaire. Après avoir longtemps été excédentaire, le budget de l’Etat a constamment été dans le rouge depuis 2014.

Le Fonds monétaire international (FMI) projetait en avril une contraction de 2,3% du produit intérieur brut du royaume en 2020.

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