Depuis plusieurs mois, les États-Unis et leurs alliés occidentaux prient l’Arabie saoudite d’augmenter sa production de pétrole. Une demande à laquelle elle n’avait jusqu’ici jamais cédé, estimant qu’il n’y avait pas le feu au lac et voyant d’un bon œil la flambée des prix. Finalement, Riyad changé d’avis.
Peu après la mise en place de leur embargo sur le pétrole russe consécutif au début de la guerre en Ukraine, les États-Unis avaient pris contact avec l’Arabie saoudite. Ils lui avaient fait une demande: augmenter la production de pétrole, afin de contrer la hausse des prix. Mais Riyad avait refusé. Le Royaume-Uni avait aussi tenté de pousser, sans résultat.
Début mai, il semblait encore impossible de faire changer d’avis les dirigeants saoudiens, « satisfaits des prix élevés« . Mais la donne a changé. Lundi, les 27 membres de l’Union européenne sont parvenus à un accord pour bannir 90% de l’or noir russe d’ici à la fin de l’année. En outre, avec le Royaume-Uni, ils ont décidé d’ordonner l’interdiction d’assurer les pétroliers transportant du pétrole russe. Les détails sont encore en cours d’élaboration, mais il est prévu que cette interdiction entre en vigueur dans les six mois. Comme nous vous l’expliquons ici, cette sous-mesure risque de faire encore plus mal à la Russie que l’embargo.
Changement de cap
Ce jeudi, les membres de l’OPEP+ ont annoncé qu’ils allaient revoir leur production de pétrole à la hausse. Prévue pour septembre, cette augmentation aura lieu dès les mois de juillet et août. Autrement dit, cela met fin à la hausse graduelle (environ 400.000 barils par jour en plus chaque mois) qui avait été fixée – et suivie depuis lors – en été 2021.
Concrètement, l’OPEP+ va augmenter sa production de 648.000 barils par jour au cours des deux prochains mois, alors que les augmentations initialement prévues étaient d’environ 432.000 barils par jour. Ce sont principalement l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui seront à la manœuvre.
Un haut responsable de l’administration a déclaré que les États-Unis « saluaient la décision de l’Opep et de l’Arabie saoudite, qui était la bonne décision au bon moment ».
La Russie a donné son accord à cette nouvelle politique: elle reste bien au sein de l’OPEP+.
Garder le contrôle des prix
En marge de la réunion, le Financial Times avait déjà pressenti que les choses allaient évoluer. Essentiellement car Riyad a changé d’avis. Les dirigeants saoudiens estiment que, si elle n’est toujours pas à l’ordre du jour, une pénurie n’est désormais plus une option à exclure. D’une part, au vu des sanctions qui continuent de s’abattre Moscou, ils se rendent compte que la production russe va bien finir par diminuer. D’autre part, étant donné que le Covid-19 semble définitivement dernière nous, l’économie mondiale va retrouver sa cadence pré-pandémique, avec notamment la Chine qui ressort de ses confinements.
« L’Arabie saoudite est consciente des risques et du fait qu’il n’est pas dans son intérêt de perdre le contrôle des prix du pétrole », avait indiqué une source au courant des réflexions des hommes forts saoudiens.