‘Ceux qui investissent de manière émotionnelle perdent 3% de rendement par an’

Le lancement des campagnes de vaccination et les mesures de soutien décidées par les gouvernements pour tenter de contrôler les conséquences économiques de la pandémie de Covid-19 ont alimenté l’optimisme des investisseurs. Toutefois, les experts en ‘finance comportementale’ mettent en garde contre les dangers de l’investissement émotionnel.

Le plan de relance du président américain Joe Biden a été approuvé par le Sénat américain le week-end dernier. Grâce à lui, l’économie américaine va pouvoir bénéficier d’une injection de pas moins de 1.900 milliards de dollars. Une annonce qui a été saluée par la majorité des investisseurs lundi.

En Europe, presque tous les indices sont passés au vert. Aux États-Unis, le Dow Jones a gagné 1%. Le Nasdaq a lui perdu 2,4%. En effet, le plan de relance encourage l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, ce qui est préjudiciable aux valeurs technologiques.

Réactions trop émotives

C’est cet optimisme débridé qui inquiète les experts en ‘finance comportementale’ d’Oxford Risk. Ces derniers redoutent que les investisseurs ne fondent trop leurs décisions d’investissement sur leurs émotions. Or leurs calculs montrent que l’investissement émotionnel coûte 3% de rendement par an.

Les experts s’attendent à ce que ce chiffre augmente encore, car de plus en plus de personnes se mettent à investir, en partie suite à l’émergence d’applications qui ciblent en particulier les petits investisseurs. Robinhood est l’une de ces applis qui ont fait la une des médias ces derniers mois, notamment parce qu’elle a été utilisée par une armée d’investisseurs actifs sur le réseau social Reddit pour acheter en masse des actions GameStop.

Ces applications gagnent en popularité alors même qu’une période de turbulences se profile à l’horizon pour les investisseurs. Les experts pointent, entre autres, la situation économique et budgétaire actuelle, celle des marchés boursiers ou encore la montée en puissance des cryptomonnaies. ‘L’horizon temporel des investisseurs est devenu plus court, ce qui les amène à prendre beaucoup de risques et à espérer gagner de l’argent rapidement’, prévient Greg B. Davies d’Oxford Risk.

Hausse du chômage

‘Après la chute des cours, suite à la crise du coronavirus, au premier trimestre 2020, les marchés du monde entier sont actuellement à la hausse. Les investisseurs sont optimistes car de plus en plus de personnes se font vacciner et les gouvernements mettent en place des programmes budgétaires conjoncturels’, explique encore a déclaré Greg B. Davies.

Dans le rapport, il met en garde contre la hausse des chiffres du chômage et des dépenses publiques. ‘En d’autres termes, nous nous dirigeons vers d’énormes problèmes économiques’, résume-t-il. Selon l’expert, nous devons par conséquent tenir compte de ces fluctuations soudaines qui nous attendent au cours des mois à venir.

Les conclusions de Greg B. Davies s’inscrivent dans la lignée de celles des stratèges de la Deutsche Bank. Dans une récente analyse, ces derniers ont écrit que nous faisions actuellement face à un va-et-vient constant entre stimulus important et peur vis-à-vis des taux d’intérêt et de l’inflation. ‘Comme tout cela se produit avant que la plupart des économies occidentales ne rouvrent, il est très probable que nous restions encore un certain temps dans cette situation de grande volatilité.’

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