Celui qui ne voit en Trump qu’un idiot rate le train de l’histoire

Donald Trump annoncera ce samedi au plus tard samedi le nom d’un candidat pour remplacer la juge à la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, décédée vendredi dernier. Si le président républicain parvient à faire approuver son candidat par le Sénat avant le 3 novembre, il aura nommé trois juges conservateurs à vie en l’espace de 4 ans. Cela représente le tiers de l’ensemble des juges siégeant à la Cour suprême.

Dans l’histoire récente des États-Unis, aucun président n’a pu autant imprimer sa marque sur la Cour suprême que Donald Trump. Ses prédécesseurs Barack Obama, George W. H. Bush et Bill Clinton ont chacun procédé à deux nominations, souvent réparties sur deux mandats.

Mais déjà en 2016, Donald Trump a fait de la nomination des juges l’un des fers de lance de sa campagne électorale. Et les personnes qui lui ont fait confiance sont aujourd’hui récompensées d’une manière sans précédent.

Les journalistes sont clairement plus intéressés par ce que Trump dit ou tweete que par le programme conservateur qu’il poursuit silencieusement, mais inexorablement. Les médias semblent à ce point hypnotisés par le contenu de la télé-réalité de cette présidence que les sujets plus pertinents sont souvent peu discutés.

Mais Donald Trump a aujourd’hui un impact bien plus important sur la société américaine que ce que les grands médias voudraient faire croire. Ceux qui le dépeignent comme un fou et se moquent de lui ratent le train de l’histoire.

Hommes blancs

En début de semaine, Bloomberg Law a calculé que le président Trump avait également nommé 53 juges dans les Cours d’appel fédérales au cours de son premier mandat. (Obama en avait nommé 55… sur deux mandats). Ce sont – avec la Cour suprême – les tribunaux les plus puissants et les plus influents des États-Unis, car ils peuvent établir des précédents juridiques dans des affaires qui touchent des millions d’Américains. Aucun des 53 juges nommés n’est d’origine afro-américaine.

Six juges seront des membres de la Federalist Society

Les deux principales candidates pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême sont Amy Coney Barrett (48 ans) et Barbara Lagoa (52 ans). Comme Clarence Thomas, John Roberts, Samuel Alito, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, elles sont membres de la Federalist Society. Il s’agit d’une association de juristes conservateurs qui prônent l’application littérale de la Constitution. Cela signifie que si l’une de ces deux femmes est nommée avant le 3 novembre, la Cour suprême comptera six membres de la Federalist Society dans ses rangs, dont trois auront été nommés par Trump.

En d’autres termes, Donald Trump deviendrait ainsi l’un des présidents les plus influents de l’histoire américaine.

Amy Coney Barrett semble être la principale candidate pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême. (Robert Franklin /South Bend Tribune via AP, Dossier)

Les nouveaux venus peuvent facilement tenir 20 ans

Bien que nommés à vie, 35 juges suprêmes ont pris leur retraite de leur propre chef depuis 1900. Leur âge de départ moyen était de 73,6 ans. Les deux premières nominations de l’ère Trump, Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh, ont respectivement 53 et 55 ans. Cela signifie que Gorsuch et Kavanaugh, ainsi que le candidat numéro trois (Barrett ou Lagoa), ont en moyenne au moins vingt ans devant eux à la Cour suprême.

S’il s’avère en novembre que Donald Trump n’était finalement qu’un ‘accident de parcours’, l’héritage politique du magnat de l’immobilier new-yorkais continuera de dominer la justice américaine pendant au moins deux décennies.

Le juge le plus âgé, Stephen Breyer (82 ans), est un… progressiste

Si Donald Trump est réélu, trois juges approcheront de l’âge de la retraite au cours de son deuxième mandat: Stephen Breyer (82 ans), Clarence Thomas (72 ans) et Samuel Alito (70 ans).

Seul le plus ancien d’entre eux, Stephen Breyer (82 ans), est progressiste. S’il venait à décéder au cours du possible second mandat de Trump, ce dernier pourrait à nouveau nommer un juge conservateur.

La Cour suprême serait alors composée de 7 conservateurs (4 nommés par Trump, 2 par George W. Bush, 1 par George H. W. Bush) et 2 progressistes (nommés par Obama).

Trump ne fait qu’exécuter l’agenda de son électorat

Bien sûr, on peut s’interroger sur le pouvoir d’un président qui a obtenu à peine 25% des voix aux élections de 2016. Hillary Clinton a remporté 26% des voix, ainsi que le vote populaire [totalement non pertinent]. 49% des Américains n’avaient pas pris la peine de voter. Cela signifie que la moitié des Américains inflige aujourd’hui aux générations futures les conséquences de leur désintérêt absolu et de leur aversion pour la politique.

En attendant, les démocrates peuvent s’insurger tant qu’ils veulent, il leur faut simplement gagner les élections. Ceux qui comptent sur les républicains pour faire approuver des points de l’agenda libéral se trompent lourdement. Ces dernières années, le GOP est devenu le parti de Trump. C’est lui qui mène la barque. En envoyant un troisième juge conservateur à la Cour suprême, il ne fait qu’appliquer le programme de son électorat. Et il place par la même occasion son pays sur la voie de plusieurs décennies de conservatisme, au cours desquelles les hommes blancs joueront les premiers rôles.

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