Le grand business dans l’espace ne sera pas le tourisme, mais la production de médicaments en orbite

On a tous fantasmé sur le tourisme spatial, et il est de fait devenu une réalité. Mais il restera l’affaire de quelques ultra-riches et de quelques firmes plus ou moins rentables. La vraie bonne affaire spatiale sera industrielle. Car produire loin de notre puits de gravité en vaut la peine.

Dans l’actualité : Varda Space a lancé la première mission-test ce lundi, à bord d’une fusée affrétée par SpaceX. À bord se trouve un satellite, mis au point par Rocket Lab. Celui-ci contient une expérience toute prête à être menée en microgravité.

Cristaux de protéines et microgravité

  • L’idée de Varda Space repose sur un constat établi sur l’ISS et qui, pour l’heure, intéresse nombre de sociétés terrestres sans qu’elles ne l’aient jamais mis à l’épreuve : certaines expériences scientifiques donnent de meilleurs résultats dans l’espace, en microgravité.
  • Des cristaux de protéines cultivés dans l’espace peuvent former des structures plus régulières encore que sur Terre. Et cela vaut le coup pour l’industrie pharmaceutique, ces cristaux pouvant être utilisés dans des médicaments plus faciles à absorber par le corps humain, donc plus efficaces.
  • C’est là un plan industriel qui semble plus aisément rentable que l’extension du tourisme spatial, et c’est à plus court terme. Pas besoin de grandes infrastructures en orbite, pas besoin de riches clients pour apporter les premières recettes, et surtout pas de risque d’accident impliquant des humains dans une capsule perdue dans le vide.

Le plan de la firme est donc d’envoyer en orbite de petits laboratoires dotés de tout l’attirail robotisé pour mener des opérations simples. On parle d’un bus satellite, un engin qui fournira l’énergie, la propulsion et les communications nécessaires aux expériences scientifiques à bord, détaille CNN. Varda Space compte expérimenter sur le ritonavir, un médicament traditionnellement utilisé pour traiter le VIH, mais plus récemment inclus dans le médicament antiviral Paxlovid pour lutter contre le Covid-19.

Un bouclier pour l’antivirus

  • L’enjeu de cette première fois est de constater si des robots sont capables de la précision nécessaire à ce genre de manipulations délicates, avec une supervision humaine à distance.
  • Bien sûr, le sort de l’expérience dépend aussi de la capacité des machines à survivre à un lancement et à une mise sur orbite. Mais il faudra aussi ramener les résultats sur Terre. Or, l’entrée atmosphérique ne sera pas une mince affaire.
  • Coïncidence : si la composition de médicaments en orbite devient un business, alors leur acheminement sur notre planète deviendra un secteur à part entière. C’est le pari d’une autre firme, Space Forge, qui s’est associée avec l’ESA, l’agence spatiale européenne, pour mettre au point un bouclier-parachute conçu spécialement à cet effet. Nommé Pridwen, du nom du bouclier légendaire du roi Arthur, il sera mis à l’épreuve d’ici la fin de l’année.
Plus