Bill Gates fait un don de 20 milliards de dollars à sa propre fondation, et se voit à terme disparaître de la liste des milliardaires : « Mon plan est de donner toute ma fortune »

Bill Gates, le cofondateur de Microsoft, fait un nouveau don de 20 milliards de dollars à sa fondation, qu’il gère avec son ex-femme, Melinda. La fondation prévoit d’augmenter ses financements de 50% jusqu’en 2026. Après ce don, la fortune de Gates passerait sous la barre des 100 milliards de dollars, et il glisserait à la neuvième place du classement des milliardaires. Il n’y voit pas d’inconvénient et se voit bien, à terme, disparaître de cette liste, en donnant toute sa fortune. Mais une partie en tout cas peut lui revenir, car ces dons sont aussi une manière cachée d’enrichir d’autres entreprises.

19 millions de dollars (de la part d’un anonyme) pour un steak avec Warren Buffett (et pour la bonne cause), cela peut déjà paraître beaucoup. Mais Bill Gates multiplie la mise – fois mille – et sort 20 milliards de dollars de son portefeuille, qu’il verse à une œuvre caritative.

L’œuvre en question est la fondation qu’il gère avec son ex-femme, la Bill and Melinda Gates Foundation. C’est une des plus importantes œuvres philanthropiques du monde, et elle finance des projets allant de l’éducation à la santé. Au vu de la pandémie et de la guerre en Ukraine, elle a prévu d’augmenter progressivement ses financements, passant de près de six milliards de dollars en 2019 à neuf milliards en 2026, explique Bill Gates sur son blog.

Outre ce don colossal de 20 milliards de dollars, lui et son ex-femme ont déjà insufflé 39 milliards dans la dotation de la fondation depuis 1994. Dans cette énumération des dons, Gates fait également un clin d’œil, à Warren Buffett, qui met aussi régulièrement la main au portefeuille pour alimenter la fondation : depuis 2006, l’Oracle d’Omaha a versé 35,7 milliards de dollars.

Sortir de la liste des milliardaires

20 milliards de dollars, c’est une somme importante, même pour milliardaire comme Bill Gates. Selon le Bloomberg Billionaire Index, Bill Gates détient aujourd’hui 113 milliards de dollars, et se tient à la quatrième place, après Elon Musk (qui se fâche régulièrement avec Bill Gates), Jeff Bezos, et Bernard Arnault. Avec 20 milliards de dollars en moins, il glisserait à la neuvième place, juste derrière Warren Buffett. Sa position dans la liste est également susceptible de changer avec la fluctuation de la valeur des actions de Microsoft, qui représentent une partie de la fortune de Bill Gates.

Mais cela ne lui importe que peu. A terme, il s’attend même à disparaître de cette liste. « Je vais descendre et finalement disparaître de la liste des personnes les plus riches du monde. Le fait que je donne cet argent n’est pas du tout un sacrifice. Je me sens privilégié d’être impliqué dans la résolution de ces grands défis, j’aime mon travail et je crois que j’ai l’obligation de rendre mes ressources à la société de la manière qui a le plus d’impact pour améliorer les vies », continue-t-il.

Il indique également vouloir donner toute sa fortune, et de ne garder que ce dont il a besoin pour s’entretenir lui-même et sa famille. Voilà encore un clin d’œil à Warren Buffet, qui s’est engagé dans la même voie. Le patron de Moderna a récemment annoncé des ambitions similaires.

« J’espère que d’autres personnes en position de grande richesse et de privilèges se mobiliseront également en ce moment », conclut Bill Gates.

« Philanthrocapitalisme »

Tout va bien dans le meilleur des mondes, les milliardaires redistribuent généreusement leur fortune pour le bien de l’humanité. Voilà souvent ce que les milliardaires veulent donner comme image d’eux, mais en réalité, ce n’est pas si simple que cela. Pour le journaliste d’investigation Lionel Astruc, le procédé de dons que les milliardaires font vers leur propre fondation, ou vers d’autres fondations, est une pratique qu’on peut appeler « philanthrocapitalisme ».

Les actions des fondations servent souvent à enrichir d’autres entreprises, qui peuvent être liées, de près ou de loin, à leurs fondateurs. L’argent donné, même si une partie va effectivement à la bonne cause, va finalement d’une poche à une autre. Dans le cas de Bill Gates, les entreprises bénéficiaires sont « des multinationales les plus nocives pour l’environnement (alors que Bill Gates prétend investir pour le climat), la santé et la justice sociale et parfois également les intérêts économiques de Bill Gates lui-même », montre l’enquête de Lionel Astruc.

Une autre critique souvent avancée envers les dons des milliardaires est qu’il s’agit d’un moyen d’éluder l’impôt. Un comportement hypocrite, car toute leur vie ces personnes ont construit leur fortune en évitant à tout prix de payer trop impôts, alors que les impôts sont déjà une forme de redistribution des richesses.

Plus