Kérosène vert, sidérurgie sans CO2, captation carbone : un fonds soutenu par Bill Gates va investir 15 milliards de dollars dans des technologies « propres »

Un fonds géré par une entreprise créée par Bill Gates, Breakthrogh Energy, est à la recherche d’investissements. A terme, il souhaite mobiliser 15 milliards de dollars, pour les investir dans des projets de « technologie propre » et les aider à devenir économiquement viables. Le but des technologies est d’atteindre le net zéro en émissions de gaz à effet de serre.

Bill Gates mise sur la technologie pour combattre le réchauffement climatique. Le fonds Breaktrough Energy Catalyst (BEC) a pour objectif d’investir 15 milliards de dollars dans la technologie, dite propre, ou clean tech. Les domaines d’application des sommes seront l’hydrogène vert, la captation du carbone (dans l’air directement, ou DAC), le carburant pour les avions et le stockage d’énergie.

Pour l’heure, le fonds a pu récolter 1,5 milliard de dollars, via des entreprises ou des projets philanthropiques. Le directeur du fonds Jonah Goldman explique au Financial Times que le fonds compte utiliser des « structures financières innovantes » et des partenariats pour arriver à la totalité de la somme. Il dit que l’idée est d’essayer « de démontrer quelles seront les voies technologiques les plus efficaces ». Comme il s’agit de technologies futures, les investissements comportent plus de risques.

Il s’agit d’aider des projets à passer du papier à l’application réelle et de les rendre économiquement viables. « Nous savons que c’est possible de le faire. Il faut juste voir si on peut le faire à grande échelle et de manière économiquement viable », analyse Goldman. « C’est ce que toutes ces choses ont en commun. Elles ont toutes besoin d’une intervention pour pouvoir passer à l’étape suivante de la démonstration commerciale et commencer réellement à créer des marchés. »

Métal vert

Les sommes seront alors dirigées vers des projets qui ne seraient pas viables financièrement, sans cette intervention. Ces capitaux seront disponibles sous trois formes, comme dons, comme investissements dans des actions de sous-marché, ou comme accord d’écoulement de produits sur le long terme, avec des clients. Le fonds vise également à créer des marchés pour les technologies et les produits, et de réduire les coûts de production des produits. Un élément visé est l’hydrogène vert, utilisé pour décarboniser l’industrie sidérurgique.

En bref, les minerais doivent être chauffés à haute température pour qu’on puisse en faire du métal. Aujourd’hui, l’on utilise le gaz naturel. Le but du fonds est d’encourager l’utilisation de l’hydrogène, produit à partir de l’eau et de l’électricité issue de ressources renouvelables (« hydrogène vert »), comme source de chaleur. Ce « métal vert » a déjà convaincu Arcelor Mittal et General Motors, qui étaient parmi les premiers investisseurs auprès de BEC.

Kérosène vert?

« Il existe six façons différentes de produire du carburant d’aviation durable et nous savons qu’elles fonctionnent toutes et qu’elles présentent toutes des défis différents », indique Goldman. Il explique que scientifiquement, des solutions comme une raffinerie pour du carburant « durable » existent, mais des productions à grande échelle ne sont pour l’heure pas viables. Des exemples pour un carburant durable seraient la raffinerie d’huiles usagées, de cuisine par exemple, l’éthanol des cannes à sucre, ou encore la conversion du carbone capté dans l’air en carburant, entre autres.

C’est là que le fonds est alors censé intervenir : pour réduire le coût supplémentaire, comparé aux produits non durables, qu’un produit vert comporte. Ne sachant pas laquelle des six technologies permet au mieux de réduire les coûts supplémentaires, Goldman dit que plusieurs seront essayées. Sur cet aspect-là, BEC admet que peu de retours financiers seront créés, dans un premier temps. Mais American Airlines a déjà contribué au fonds, par exemple.

Le fonds fait partie du groupe Breakthrough Energy, fondé en 2015 par Bill Gates. Le gouvernement des Etats-Unis, celui du Royaume-Uni et la Commission Européenne ont apporté leur soutien au fonds. Un partenariat à hauteur d’un milliard de dollars existe déjà avec la Commission Européenne.

Net zéro, un faux objectif?

Ces technologies visent donc à amener les émissions de CO2 vers le net zéro. De nombreux chercheurs et activistes critiquent cependant le bien-fondé du net zéro. Ils estiment qu’il ne s’agit que d’une moyenne, qui permet de continuer à polluer, car les émissions sont soit captées dans l’air, soit rachetées avec des droits d’émissions. Des pays qui polluent plus paient des droits d’émissions à d’autres pays qui ont réduit leurs émissions, en résumé. Ces critiques se demandent s’il est possible, rien que par la technologie, de ramener nos émissions à zéro, et préconisent qu’il faille changer de mode de vie également, afin d’effectivement réduire nos émissions.

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