« Berlin parle, mais n’agit pas. C’est ainsi que le Kremlin préfère voir l’Allemagne »

« Le mercantilisme allemand consiste à poursuivre les excédents d’exportation comme modèle économique et à soumettre tout le reste, même les traités internationaux, à cet objectif. »

EuroIntelligence, un service spécialisé dans l’actualité et l’analyse de l’UE, l’a bien résumé la semaine dernière. Reinhard Bütikofer (Die Grünen) avait précédemment rapporté sur Twitter que le gouvernement Scholz aurait travaillé dans les coulisses pour amener la Commission européenne à minimiser sa défense de la Lituanie contre la Chine.

Politique énergétique allemande et Nord Stream 2

On constate depuis un certain temps à l’étranger que l’Allemagne emprunte une voie particulière. Non seulement en politique étrangère, mais aussi en politique énergétique.

Il n’y a pas de position claire de Berlin sur le gazoduc Nord Stream 2, très discuté, qui augmentera encore la dépendance énergétique de l’Allemagne vis-à-vis de la Russie. Selon la Commission européenne, le projet Nord Stream 2 augmentera la dépendance énergétique vers un seul fournisseur. Il concentrera par exemple 80 % des importations de gaz russe vers l’Europe sur une route spécifique. En conséquence, les Russes contrôleraient brièvement 60% du marché allemand.

Mais le nouveau chancelier Olaf Scholz qualifie Nord Stream 2 de « problème du secteur privé ». Il ne veut certainement pas mélanger le conflit avec l’Ukraine avec l’« Energiewende » allemande. Peu de temps après la catastrophe de Fukushima au Japon, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé que son pays se détournerait de l’énergie nucléaire au profit des énergies renouvelables. Cependant, peu de progrès ont été réalisés depuis lors. Berlin a gaspillé des milliards d’euros et la résistance monte.

A Bruxelles aussi, la réaction au nationalisme énergétique allemand devient de plus en plus maussade. Le commissaire aux Affaires intérieures Thierry Breton ne laisse aucun doute : « C’est un mensonge que l’UE puisse devenir neutre en carbone sans énergie nucléaire. »

Le double rôle allemand

Les termes « responsabilité internationale » et « multilatéralisme » sonnent de plus en plus creux lorsqu’ils sont prononcés à Berlin. Car au-delà suit le grand rien. L’Allemagne aime profiter de sa position confortable à l’OTAN et dans l’UE. Tout en établissant une relation bilatérale privilégiée avec la Russie et la Chine.

Le chancelier Scholz joue également un rôle peu reluisant dans tout cela. Il ne contribue pas à la politique de puissance allemande, que ce soit à l’intérieur – où une opposition colorée à la vaccination obligatoire lui fait la leçon – ou en politique étrangère – où Américains et Russes négocient le sort de l’Europe à Genève, sans que les Européens aient un siège à la table.

Qui a encore peur de cette Allemagne, un pays qui n’est pas militairement agressif et qui se montre aussi politiquement peu ambitieux ?

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