En raison de l’incertitude dans le secteur bancaire, on s’attendait à ce que les banques centrales suspendent ou limitent les hausses de taux d’intérêt. Finalement, ce n’est pas vraiment le cas. Après la Banque centrale européenne (BCE), la Banque nationale suisse (BNS) relève à son tour ses taux de 50 points de base.
La crise bancaire n’arrête pas les hausses de taux d’intérêt : même la banque centrale suisse y va de son augmentation

Pourquoi est-ce important ?
Ces derniers jours, plusieurs banques centrales, dont celles des États-Unis, de l'UE et de la Suisse, ont annoncé leurs décisions en matière de taux d'intérêt. Jusqu'à présent, aucune institution monétaire n'a décidé de suspendre les hausses de taux.Dans l’actu : la Banque nationale suisse (BNS) a relevé ses taux d’intérêt de 50 points de base à 1,50%.
- Cette hausse intervient quelques jours après le rachat de Credit Suisse par UBS. Avec cette décision, la banque centrale suisse montre qu’elle attache plus d’importance aux préoccupations concernant l’inflation qu’aux conséquences du rachat de la banque.
- La BNS indique dans un communiqué de presse que de nouvelles hausses pourraient bientôt survenir pour « assurer la stabilité des prix à moyen terme ».
- Afin de créer des conditions monétaires appropriées, l’institution est également disposée à intervenir si nécessaire sur le marché des changes.
Au Royaume-Uni : jeudi après-midi, la Banque d’Angleterre a également annoncé une hausse des taux. Elle a relevé les taux d’intérêt de 25 points de base.
- Cette décision est conforme aux attentes, après le retour au calme sur les marchés financiers suite au sauvetage de Credit Suisse dimanche dernier.
- Une pause n’était pas exclue, selon les experts du marché, mais un taux d’inflation élevé et même en hausse plus tôt cette semaine a limité la possibilité pour la Banque d’Angleterre de ne pas augmenter ses taux, ont souligné les commentateurs du marché peu avant la décision.
Rétrospective : la BCE a elle aussi (fortement) relevé ses taux la semaine dernière, de 50 points de base. Conséquence : le taux de dépôt – l’intérêt que les banques perçoivent sur l’argent qu’elles déposent auprès des banques centrales nationales – est passé à 3%.
- Contrairement à la réunion précédente, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’a pas annoncé de nouvelles hausses de taux d’intérêt. « Nous prendrons nos décisions sur base des données disponibles », a-t-elle déclaré.
- Elle a réitéré ce message lors d’un discours à la conférence annuelle de Francfort mercredi. Elle a ensuite noté que la BCE avait déjà procédé à d’importants ajustements politiques, mais que l’inflation restait élevée. « L’incertitude quant à son évolution future a augmenté. Cela rend essentielle une stratégie solide pour l’avenir. »
Augmentation modeste aux États-Unis
Crise bancaire américaine : contrairement à la BCE et à la BNS, la Réserve fédérale a préféré une modeste hausse des taux mercredi soir : 25 points de base.
- Aux États-Unis, il y a encore beaucoup d’incertitude sur un certain nombre de banques régionales, après l’effondrement de Silicon Valley Bank et de Signature Bank. Plusieurs grandes banques, dont JPMorgan, recherchent une solution pour First Republic Bank. La semaine dernière, onze banques ont prêté 30 milliards de dollars à l’institution en difficulté alors qu’elle était aux prises avec des problèmes de liquidité. Il reste toutefois des incertitudes quant à sa santé financière.
- La réponse de Wall Street aux déclarations contradictoires du président de la Fed, Jerome Powell, et de la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, sur la protection des dépôts d’épargne a mis en évidence à quel point la crise bancaire continue de frapper les marchés. Les indices boursiers américains ont clôturé dans le rouge après avoir initialement réagi positivement à la décision sur les taux d’intérêt.
- Yellen a déclaré au Sénat hier soir que tous les dépôts de toutes les banques ne seront pas assurés.
- Pour clarifier : aux États-Unis, l’épargne est protégée jusqu’à 250 000 $ en cas de faillite. Cette protection a été exceptionnellement étendue pour Signature Bank et Silicon Valley Bank, en faillite. On s’attendait à ce que cette protection supplémentaire s’applique également à d’autres institutions financières, ce ne sera donc pas le cas.
- Cette déclaration est venue au moment où Powell, lors de son explication sur les taux d’intérêt, a indiqué que… les épargnants étaient assurés que leurs dépôts étaient en sécurité.
(OD)