Aucun grand assouplissement avant avril ou mai? Un bras de fer politique s’annonce…

L’une des grandes conclusions de la conférence de presse d’Alexander De Croo (Open VLD) est la quasi certitude de ne pas connaitre d’assouplissement durant le mois de mars. Il est trop tôt, jugent les experts et leurs modèles mathématiques. L’exercice auquel s’est adonné le Premier ministre – ‘pour couper l’herbe sous le pied des pro-déconfinement’ – a été peu apprécié au sein de la majorité.

À quoi bon encore organiser des Comités de concertation? Depuis plusieurs mois maintenant, la tension est palpable entre les membres du gouvernement à l’approche des grands-messes du vendredi. Certains élus francophones ont l’impression que le cap est décidé sans eux. À plusieurs reprises depuis la mise en place du gouvernement De Croo, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) explique qu’un assouplissement des mesures ne sera pas possible. Quelques jours plus tard, face aux critiques, le Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) vient soutenir son ministre.

On en a encore eu l’exemple ce lundi. Vandenbroucke a annoncé la couleur à la TV flamande durant le week-end. Il ne fallait s’attendre à rien en vue de vendredi, voire même au-delà, ont appuyé les experts et le Premier ministre hier.

Résumons la situation en quelques lignes, selon les 4 modèles mathématiques présentés ce lundi. Selon la contagiosité du nouveau variant britannique – qui sera quoi qu’il en soit le variant dominant -, en cas d’assouplissement des mesures en mars ou en avril, on connaitrait une 3e vague plus ou moins aussi importante que les deux premières vagues. Un déconfinement quasi complet en mai nous permettrait par contre de l’éviter. Conclusion: il y a un très gros risque à déconfiner en mars, un gros risque en avril, et une énorme lueur d’espoir pour mai et assurément pour l’été (les modèles prennent en compte le taux de vaccination).

Statu quo?

Ceci signifie-t-il que rien ne bougera d’ici mai? Sans doute pas. La pression de plusieurs secteurs est intense: l’horeca bien sûr, mais aussi la culture. Ces deux secteurs sont soutenus respectivement par le MR et Ecolo.

Ce vendredi, Georges-Louis Bouchez (MR), et il l’a déjà fait savoir dans la presse, défendra une ouverture de l’horeca pour le printemps. ‘Cela nous laisse 4 ou 5 semaines pour préparer une stratégie’, explique le président du MR dans Sudpresse. Il mise sur des protocoles stricts et la confiance des citoyens. On sait les experts très réticents à ouvrir ce secteur. Dans bien des cas, les mesures sont difficiles à respecter, surtout passée une certaine heure.

Le président des libéraux francophones estime qu’il faut trouver un équilibre entre situation sanitaire, économie et soutien des citoyens aux mesures. ‘Si on me dit que l’on ne peut rien faire tant que l’on aura le moindre doute sur un variant, à ce rythme-là, on sera toujours au même point à la fin de l’année.’ Et le président du MR d’ajouter sur LN24: ‘Nous ne demandons pas de révolution mais une adaptation du système pour un déconfinement secteur par secteur, selon des protocoles stricts’.

Les plans des partis

Le MR a un plan en tête: lever l’interdiction des voyages non-essentiels (très critiquée par l’Europe) ‘immédiatement’, élargir la bulle et donner des perspectives pour les sports le plus rapidement possible. Et donc une ouverture de l’horeca pour le printemps (21 mars).

Le cdH (dans l’opposition) a établi un calendrier très précis: levée de l’interdiction des voyages non-essentiels pour la mi-mars, allongement du couvre-feu à minuit dès le 1er mars, réouverture des restaurants pour le 1er avril, les bars devraient eux attendre la fin avril. Les spectacles, cinémas et théâtres pourraient eux rouvrir pour début mars. Le tout sous des protocoles très stricts.

Ecolo ne veut pas fixer de calendrier, mais une méthode. Pour un déconfinement progressif et encadré. Enfin, le PS ne veut pas jouer la surenchère, comme l’a fait savoir hier Paul Magnette sur les réseaux sociaux.

On sent en fait le président du PS et le Premier ministre sur la même longueur d’onde. Les socialistes francophones ont toujours montré une certaine solidarité vis-à-vis du Premier ministre et du ministre de la Santé, un socialiste flamand.

Le MR fait de la politique depuis plusieurs mois en soutenant les secteurs en difficulté. Peut-on le lui reprocher? Ses partenaires de la majorité, certainement. Quitte à se fâcher au sein d’une même famille politique. Croire que les libéraux flamands s’amusent à laisser en plan l’horeca ne serait pas très correct. Le rôle de Premier ministre vous oblige à porter le poids d’une responsabilité qu’un président de parti n’a pas.

Certains élus francophones ont l’impression que les experts du nord du pays ont trop d’influence sur le Premier ministre et le ministre de la Santé. Si la conférence de presse d’hier a eu un mérite, c’est d’avoir réuni les experts (du GEMS) du nord et du sud sur un seul message: il est trop tôt pour déconfiner.

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