Le Vision Pro n’est pas qu’une révolution technologique pour Apple, il marque aussi une rupture avec l’approche de Steve Jobs

La disparition du cofondateur d’Apple, Steve Jobs, en 2011 a bouleversé bon nombre de fans de la marque. Et elle continue de le faire aujourd’hui. Pour beaucoup, l’innovation de la firme de Cupertino sous Tim Cook n’arrivera jamais à la cheville de celle des temps de Jobs. L’entreprise technologique vient pourtant de dévoiler le Vision Pro.

L’essentiel : Le casque de réalité mixte d’Apple est perçu par de nombreux analystes comme le produit qui marquera l’héritage de Cook au sein de l’entreprise, lorsqu’il cédera son poste de PDG. À ce sujet, seul l’avenir nous le dira. On peut cependant noter que le Vision Pro marque la fin de l’approche de Steve Jobs concernant l’organisation des équipes au sein d’Apple.

Zoom arrière : à la fin des années 90, lorsque l’illustre Steve Jobs est revenu aux commandes de l’entreprise qu’il avait fondée plusieurs années auparavant, il a revu la structure de gestion d’Apple et a adopté une approche « fonctionnelle », rappelle le journaliste Mark Gurman de Bloomberg dans sa dernière newsletter.

  • La firme de Cupertino ne comptait pas de division spécifique pour l’iPhone, l’iPad, les AirPods ou encore le Mac, mais plutôt des départements dédiés à l’ingénierie logicielle, au développement matériel, à l’apprentissage automatique ou encore aux services.
  • Les contributions de chacun sont ensuite canalisées vers de nouvelles fonctionnalités et de nouveaux produits.
  • Mais les choses ont changé avec le Vision Pro.

La structure d’Apple évolue

  • Le Vision Pro dispose en effet de sa propre division dédiée au sein d’Apple.
  • Elle a vu le jour vers 2015 sous le nom de « Groupe de développement technologique » ou TDG et est dirigée par Mike Rockwell. Elle a depuis été renommée « Vision Products Group », ou VPG.

Le détail : la division ne dépend pas des principaux autres départements d’ingénierie logicielle et matériel de l’entreprise. Elle dispose de ses propres équipes pour assurer ces tâches, en plus de celles pour la stratégie, la vision par ordinateur, le contenu ou encore la gestion de projet du Vision Pro.

  • Cela ne signifie pas que le Vision Products Group travaille en totale indépendance au sein d’Apple. En réalité, les équipes du VPG collaborent avec celles de conception et d’exploitation supervisées par Jeff Williams, directeur de l’exploitation de l’entreprise.
  • Elles travaillent également avec l’unité de puce, dirigée par Johny Srouji, mais s’appuient aussi sur les frameworks et autres blocs de construction créés pour les systèmes d’exploitation des autres produits phares d’Apple.
  • En réalité, il y a un échange de connaissances entre les équipes propres au Vision Pro et celles des autres départements de l’entreprise.
  • On notera d’ailleurs que bon nombre de personnes pensaient que le groupe serait divisé et que les équipes seraient réparties dans l’entreprise, afin de poursuivre l’approche qu’a laissée Steve Jobs avant de disparaitre, mais pour l’instant ça n’est toujours pas le cas.

Pourquoi ce changement de politique ?

Le journaliste liste plusieurs explications possibles à ce choix :

  • Créer une petite équipe et la faire fonctionner de manière plus ou moins autonome, à la manière d’une startup, permet d’avancer plus rapidement dans le développement d’un produit de première génération, comme c’est le cas avec le Vision Pro. De plus, cela limite le nombre de personnes « dans le secret » et donc, les fuites éventuelles.
  • Dans le cas présent, une unité dédiée avec une équipe centrale de spécialistes est sans doute un plus, voire une nécessité, aux vues de la complexité du produit.
  • Enfin, Apple pourrait tout simplement attendre que son casque de réalité mixte devienne suffisamment important au sein de son écosystème pour le lier à ses plus gros générateurs d’argent, tels que l’iPhone ou l’iPad.
    • Incertaine de son succès, la firme de Cupertino a certainement préféré éviter toute contamination d’un échec éventuel, mais surtout éviter de priver de ressources ses poules aux œufs d’or.

Notons également que l’appellation de la division indique « Produits« , au pluriel donc, ce qui confirme que le Vision Pro serait le premier d’une plus ou moins longue série, dont une version moins coûteuse.

En réalité : ce n’est pas la première fois qu’Apple agit de la sorte et ajoute une division plus ou moins fermée plutôt que de compter sur ses différentes équipes. L’entreprise l’a déjà fait pour l’Apple Watch, avant de réintégrer partiellement ses équipes, et le ferait également pour son projet Titan, à savoir sa voiture autonome.

  • On peut d’ailleurs se demander si cette organisation n’est pas l’avenir de l’entreprise, du moins en partie, et donc qu’elle remet en question l’héritage structurel de Steve Jobs. C’est possible.
  • En même temps, l’Apple d’aujourd’hui n’est pas l’Apple du début des années 2010, lorsque Jobs en était encore à sa tête. Aujourd’hui, la firme de Cupertino vaut plus de 3.000 milliards de dollars. En 2011, elle pesait à peine 300 milliards de dollars.
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