Annulation des dettes africaines? Pour l’heure, un simple moratoire

Dans son allocution, le président Emmanuel Macron appelait lundi à l’annulation des dettes africaines. Pas si vite: au sein du G20, c’est finalement un moratoire qui a été acté, élargi ‘aux pays pauvres’. Explications.

Emmanuel Macron avait fait grand bruit sur sa volonté d’annuler les dettes publiques africaines, évaluées à 365 milliards de dollars. Mais la France ne décide pas seule. Car les dettes qui lui sont dues sont minoritaires. La plus grande part du gâteau et de ses intérêts revient à la Chine avec quelque 145 milliards.

Le timing de l’annonce du président français n’était toutefois pas le fruit du hasard. Le G20 se réunissait virtuellement cette semaine. L’objectif était sans doute de mettre ce dossier en lumière, comme à pu le faire l’ONU ou encore le pape dernièrement.

Le G20 a pris une décision plutôt rapide mais limitée. À partir du 1er mai, tous les intérêts sur la dette seront gelés, et ce pendant 6 mois, avec 6 autres mois reconductibles. Cette décision ne vaut pas seulement pour les pays africains mais pour les 77 États considérés comme en voie de développement. L’objectif est bien sûr d’allouer les moyens de ces États pour la lutte contre le coronavirus.

Bruno Le Maire, ministre français des Finances s’est félicité d’une ‘décision historique’ qui devrait ainsi faire épargner temporairement 14 milliards aux pays les plus pauvres. À condition que ces moyens soient effectivement destinés aux urgences, le FMI et la Banque mondiale veilleront au grain.

Reste qu’on est loin d’une annulation pure et simple de la dette. Paris estime toutefois que ce moratoire n’est qu’une première étape, qui pourra donner lieu plus tard à l’annulation au cas par cas.

Quid des dettes privées?

Mais comme on le soulignait mardi, le principal de la dette est détenu par le privé. Des entreprises aux gestionnaires de fonds. Dans un communiqué des ministres des Finances du G20, un appel a été relancé pour qu’ils rejoignent les efforts des États. Un appel relayé par l’Institut de la finance internationale (IIF) qui regroupe 450 groupes de l’industrie financière. La situation est complexe parce que le public peut difficilement contraindre le privé à faire ce choix.

En outre, le FMI, qui a annoncé trois scénarios du pire pour l’économie mondiale, va dégager des moyens supplémentaires, notamment en termes de liquidités pour les pays en difficulté, pour un total de 1.000 milliards de dollars.

Enfin, la Banque mondiale compte, elle, mobiliser 240 milliards de dollars dans différents projets de lutte contre le covid-19. Elle discutera des modalités ce vendredi 17 avril avec l’institutionnel et la société civile, rapporte RFI. Cela pourrait aboutir à de nouvelles discussions sur l’annulation pure et simple des dettes des pays les plus pauvres, un processus en cours donc, mais sans réelle garantie.

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