Nommé ‘commissaire corona’ il y a dix jours, Pedro Facon s’est exprimé sur son rôle exact et sur l’ampleur de sa mission dans plusieurs quotidiens. Pour faciliter la gestion de la crise, l’ancien directeur général ‘soins de santé’ au SPF Santé publique est accompagné du Dr Carole Schirvel, spécialiste des maladies infectieuses et de leur traçage.
Depuis le comité de concertation de vendredi, le ton a changé chez nos politiques. La situation sanitaire de la Belgique est grave et seul un strict respect des nouvelles mesures pourra enrayer la seconde vague qui frappe notre pays. Ce lundi, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke allait encore plus loin. Pour lui, la situation à Bruxelles et en Wallonie est ‘la pire et la plus dangereuse de toute l’Europe’.
Pour permettre aux autorités de gérer au mieux cette crise, Alexander De Croo a nommé il y a dix jours un ‘commissaire corona’. Il s’agit de Pedro Facon, qui était jusqu’alors directeur général ‘soins de santé’ au SPF Santé publique. Le Dr Carole Schirvel, spécialiste des maladies infectieuses et de leur traçage, est son adjointe. Mais au fond, que est leur rôle ?
‘Notre rôle est de faciliter, coordonner et soutenir la prise de décision politique. Cette prise de décision est difficile, d’un côté à cause de la structure du pays, qui fait que nous avons 8 ministres de la Santé, mais
aussi parce que la crise implique d’autres ministères, l’Intérieur, l’Économie, qui sont réunis au sein du comité de concertation. Je suis
comme une araignée au milieu de sa toile: je dois créer des réseaux, des synergies, des échanges d’info’, détaille Pedro Facon à L’Avenir.
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Plusieurs semaines avant les tests antigéniques
Parmi les principales tâches du duo Facon-Schriver, il y a l’amélioration du testing. Celui-ci pose problème depuis plusieurs semaines chez nous. Les laboratoires ne parviennent plus à suivre l’infernale cadence des tests. On va d’ailleurs revenir à une priorisation des cas.
Cependant, le commissaire corona travaille en parallèle à… un élargissement des capacités de testing. En plus des tests PCR, Pedro Facon et Carole Schirvel planchent sur la mise en place de tests antigéniques, plus rapides. Alors que de nombreux pays européens ont déjà généralisé ces nouveaux tests (ou qu’ils sont en passe de le faire), ‘cela va prendre plusieurs jours voire plusieurs semaines’ en Belgique, indique Carole Schirvel. ‘On ne traîne pas’, assure-t-elle. ‘On entend dire que chez les pays voisins, tout le monde a acheté ses antigènes. Nous, on décide de l’achat et on met en parallèle un protocole adapté.’
‘En dix jours, avec le ministre de la Santé publique et l’agence fédérale aux médicaments, on a pu faire approuver le dossier d’achat des tests antigènes’, précise Pedro Facon toujours dans l’Avenir. ‘Il faut que les gens soient formés pour les utiliser, et introduire les résultats dans les bases de données.’
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Un relatif optimisme
La deuxième vague de la pandémie est en train de toucher l’Europe de plein fouet. Tous les pays instaurent de nouvelles mesures plus strictes. L‘Irlande et le pays de Galles ont même annoncé qu’ils allaient reconfiner leur population. Alors que la situation sanitaire de la Belgique est une des pires du Vieux Continent, Pedro Facon reste relativement confiant. En tout cas, il ne veut pas tomber dans le catastrophisme ambiant. Pour lui, notre pays est mieux préparé qu’en mars.
‘On peut utiliser les mots qu’on veut mais en mars, on a vidé les hôpitaux du jour au lendemain pour soigner uniquement les cas de coronavirus. C’est ce qu’on veut éviter aujourd’hui. […] C’est pour cela qu’on tire plus vite la sonnette d’alarme. On ne veut plus que les hôpitaux ferment. On ne veut plus de confinement. La situation n’est pas désespérée mais très très sérieuse’, déclare-t-il au Soir.
Carole Schirvel estime d’ailleurs que, malgré les couacs, le testing et les soins sont bien meilleurs qu’au printemps dernier. ‘On teste «mieux» dans le sens où les stratégies ont tellement évolué qu’on ne peut plus tellement comparer avec le printemps où le virus circulait beaucoup, sans qu’on puisse le mettre en évidence. Et puis, on connaît mieux le virus. La prise en charge thérapeutique est améliorée. On en meurt moins. On protège davantage nos aînés. On est plus attentif au symptôme dans les maisons de repos. Tout ça fait qu’il y a quand même des avancées positives’, assure-t-elle.
Quant à désigner des coupables de la situation actuelle, Pedro Facon préfère botter en touche. Pour lui, chacun a sa part de responsabilité. Le commissaire corona, décidément très peu négativiste, préfère d’ailleurs parler d’un ‘relâchement collectif’ plutôt que d’un ‘échec collectif.’