Les Saoudiennes viennent de remporter une victoire colossale

Les femmes saoudiennes pourront peut-être bientôt voyager sans gardien. Le gouvernement saoudien envisagerait en effet de modifier la législation concernant la tutelle d’ici la fin de cette année. Une commission aurait été mise sur pied pour étudier la possibilité d’abroger ce système de tutelle, et même celle de délivrer des passeports aux femmes saoudiennes.

De même, il est question d’autoriser les hommes âgés d’entre 18 et 21 ans à quitter le pays sans le consentement d’un membre de la famille. Actuellement, en effet, les femmes de tout âge et les hommes de moins de 21 ans ont besoin de l’autorisation d’un tuteur pour voyager à l’étranger.

La réforme la plus importante pour les droits des femmes

Selon les observateurs, il s’agirait potentiellement de la réforme la plus importante pour les droits des femmes dans l’histoire saoudienne. La nouvelle législation permettrait aux femmes saoudiennes de quitter le pays pour la première fois sans l’autorisation explicite d’un tuteur.

Actuellement, les Saoudiennes ont besoin de la permission d’un parent de sexe masculin pour prendre les décisions les plus importantes concernant leur existence, en particulier le mariage, le divorce et l’obtention d’un passeport. Elles éprouvent également beaucoup de difficultés pour solliciter de l’aide lorsqu’elles sont victimes de violence domestique et/ou sexuelle, et d’obtenir la garde de leurs enfants en cas de divorce.

Certaines règles de tutelle ne sont pas inscrites dans la loi et sont simplement des coutumes sociales largement appliquées. Dans certains cas, les femmes sont contraintes de démontrer qu’elles ont obtenu le consentement de leur tuteur pour accepter un emploi, se faire soigner, ou effectuer des transactions telles que la location d’un appartement, indiquait un rapport de Human Rights Watch en 2016.

Mais récemment, le traitement des femmes en Arabie saoudite a attiré l’attention, lorsque plusieurs Saoudiennes ont fui leur pays et demandé l’asile à l’étranger. En janvier, Rahaf Mohammed Mutlaq al-Qunun, une jeune Saoudienne de 18 ans, a fait la une des journaux lorsqu’elle s’est enfermée dans une chambre d’hôtel en Thaïlande. Apparemment, elle avait subi des violences de sa famille, parce qu’elle avait voulu s’émanciper. Elle a finalement obtenu le statut de réfugié au Canada.

Une réforme radicale

Cette évolution viendrait des plus hautes sphères de l’Etat saoudien. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane s’est engagé à réformer son pays de manière radicale, pour le débarrasser de sa dépendance économique au pétrole. Au passage, il souhaite également ouvrir son pays au reste du monde, pour attirer les investisseurs étrangers.

Il y a dix-huit mois, il a ainsi accordé le droit de conduire aux Saoudiennes, mettant ainsi fin à une interdiction qui durait depuis des décennies. Un peu plus tard, les Saoudiennes ont été autorisées à créer leur entreprise sans l’autorisation de leur mari ou d’un parent masculin.

Mais en parallèle, les femmes qui avaient violé l’interdiction de conduire, ou avaient milité pour son abrogation, croupissent toujours dans des geôles saoudiennes. De même, depuis l’accession du prince au pouvoir à Riyad, le nombre d’exécutions a doublé dans le pays. Rien qu’au premier trimestre de cette année, on en a recensé 43, un record.

Selon les observateurs, l’abrogation du système de la tutelle et d’autres traditions saoudiennes ne sera pas chose facile. Dans les villes cosmopolites telles que Riyad ou Djeddah, elle devrait être adoptée assez facilement. En revanche, on pourrait observer de fortes résistances dans des régions rurales conservatrices. En outre, si un grand nombre de femmes décide de profiter de leurs nouvelles prérogatives et de quitter le pays, on assistera très certainement à un vent de protestations. 

La tutelle masculine ne serait cependant pas complètement abolie. Les femmes devrOnt toujours solliciter la permission de leur tuteur masculin pour travailler ou se marier, entre autres choses.

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