La banque fédérale américaine devrait – pour la première fois depuis près d’un an – arrêter de faire grimper les taux d’intérêt.
Est-ce que la crise de la dette américaine change la donne pour la Fed ? La baisse des taux pourrait arriver plus vite que prévu
Pourquoi est-ce important ?
La hausse de 25 points de pourcent décrétée par la banque centrale américaine ce mois-ci a été présentée comme la dernière de la série, et les marchés s'attendent à ce que la Fed tire sur le frein à main pour soulager l'économie. Mais rien de tout ceci n'est gravé dans le marbre.Dans l’actualité : pas de hausse en juin ? Cela reste fort probable, mais quid pour après ?
La dette américaine en embuscade
- La Fed a procédé à sa dernière hausse des taux d’intérêt en date le 3 mai dernier, et celle-ci était présentée comme la toute dernière par les marchés.
- Les nouvelles prédictions restent en tout cas sur la même longueur d’onde : il n’y aurait pas de hausse le mois prochain de la part de la banque centrale américaine, et les taux d’intérêt resteraient bloqués à 5,25% – un record depuis 18 ans. Nous en sommes d’ailleurs à 10 hausses consécutives.
- Quant aux baisses des taux, que le marché appelle de ses vœux, elles étaient attendues pour la fin de l’année, voire en 2024. Mais l’incertitude entourant la dette américaine change un peu la donne. Wall Street parie largement sur une pause le mois prochain, avant une première réduction des taux dès septembre.
- Le Trésor américain se trouve en effet confronté encore une fois de plus à un risque de dépassement du plafond de la dette – placé à 31.400 milliards de dollars – et le gouvernement fédéral aimerait le relever, mais il se heurte au refus des républicains radicaux.
- Mais d’un autre côté, l’inflation reste collante et l’économie toujours forte : nous sommes bien au-delà des 2% d’inflation qui restent l’objectif de la Fed (4,2% en glissement annuel en mars), tandis que le taux de chômage américain a atteint un niveau historiquement bas.
« La Fed réduit rarement les taux sans une sorte de crise entre les deux », rappelle auprès de CNN Kara Murphy, directrice des investissements chez Kestra Investment Management. La dernière fois, c’était en mars 2020 dans le contexte pandémique.
Une bonne nouvelle pour les marchés ?
À priori : l’annonce d’une baisse des taux d’intérêt doit réjouir les marchés. Après tout, ils attendent ça depuis tellement longtemps. Mais historiquement, les marchés réagissent plus tièdement à une baisse de taux qu’à une interruption de la hausse des taux.
- Le S&P 500 (SPX) a historiquement progressé de 16,9 % en moyenne au cours des 12 mois qui ont suivi la dernière hausse d’un cycle de taux de la Fed, mais de 1% seulement sur les 12 mois suivant une baisse.
- « En supposant que la hausse des taux du 3 mai soit la dernière de ce cycle, les actions devraient bien se comporter jusqu’à la fin de l’année. Toutefois, si la Fed devait assouplir ses taux en juillet, comme le laissent supposer les contrats à terme, la hausse serait beaucoup plus limitée », ont déclaré les analystes.
- En outre, avec l’inflation sous-jaçante qui reste importante, la Fed ne peut pas se permettre de relever les taux trop rapidement.
- On peut donc prévoir sans trop risquer de se tromper une stagnation des taux, motivée pour la Fed par une volonté de voir comment la situation évolue.