Mark Branson, président de l’organisme allemand de surveillance financière BaFin, s’attend à ce que le secteur bancaire connaisse une nouvelle période de stress. Dans une interview accordée au site d’information américain CNBC, il parle d’un test de résistance réel pour les banques.
Le régulateur allemand met en garde contre une « période de nervosité dans le secteur bancaire »

Pourquoi est-ce important ?
Le secteur bancaire est sous pression à la suite de l'effondrement de certaines banques régionales américaines, dont Silicon Valley Bank, et du rachat forcé de la banque suisse Credit Suisse par UBS.Dans l’actu : Dans une interview accordée à CNBC, Branson déclare que le secteur bancaire allemand a ressenti l’impact des événements survenus aux États-Unis et en Suisse au cours des derniers mois, mais ajoute qu’il n’y a pas de risque systémique.
- « Il n’y a pas de crise bancaire mondiale, mais certaines parties du système financier traversent actuellement une période de stress. Elles sont maintenant confrontées à un test de résistance réel », a déclaré le régulateur allemand.
L’incertitude n’est pas levée
Le détail : L’effondrement de certaines banques régionales américaines a mis les investisseurs face au constat que les hausses de taux d’intérêt ne sont pas toutes positives pour les institutions financières.
- En principe, les banques américaines ont profité de la hausse des taux d’intérêt, car elles ont pu augmenter le coût de leurs prêts et ainsi augmenter leurs revenus. Cependant, certaines institutions financières ont été confrontées à des difficultés ces dernières années car elles avaient acheté des obligations à faible rendement. Avec la hausse des taux d’intérêt, la valeur de ces obligations a diminué, ce qui a entraîné des pertes pour les banques. Cela n’aurait pas été un problème en soi, mais ces banques ont finalement été contraintes de vendre ces obligations à perte car leurs clients ont massivement retiré leurs dépôts. Les banques n’avaient pas suffisamment d’argent en réserve pour rembourser tout le monde.
- Les banques régionales aux États-Unis sont toujours sous pression à ce jour. Les actions PacWest et Western Alliance se sont effondrées la semaine dernière.
- Les investisseurs se demandent également quelles sont les banques européennes qui sont exposées au risque. Ainsi, Deutsche Bank a perdu du terrain en bourse fin mars en raison de spéculations sur la stabilité de son bilan. Credit Suisse a finalement dû être sauvée par sa concurrente UBS.
- En raison de l’incertitude dans le secteur, les banques européennes ont resserré leurs conditions de crédit, a indiqué la Banque centrale européenne (BCE) la semaine dernière. La croissance des prêts accordés aux entreprises et aux ménages a diminué de 3,8% au premier trimestre.
- La présidente de la BCE, Christine Lagarde, n’exclut pas d’autres hausses de taux d’intérêt dans les mois à venir. « Nous avons encore du travail à faire », a-t-elle déclaré lors de l’annonce de la dernière décision de taux d’intérêt. L’institution monétaire a alors augmenté les taux d’intérêt de 25 points de base.
Impact sur le secteur immobilier
Zoom arrière : Les hausses de taux d’intérêt et le resserrement des conditions de crédit sont principalement préjudiciables pour le secteur immobilier.
- « Lorsque l’on s’intéresse à l’immobilier, on se concentre surtout sur l’immobilier commercial« , explique Branson, qui ajoute qu’il ne parle pas seulement du marché immobilier allemand. « Ce marché est également confronté à une période de stress. »
- Warren Buffett, CEO du conglomérat Berkshire Hathaway, a lancé un message similaire lors d’une réunion avec les actionnaires le week-end dernier : « Le marché de l’immobilier commercial commence à ressentir les effets de la hausse des coûts de financement ».
(SR)