L’essentiel : Les dernières données de la BCE montrent que les épargnants de la zone euro perçoivent une commission d’épargne de 2,1 % (brut) en moyenne sur le capital qu’ils conservent pendant un an.

• Les épargnants français bénéficient de la rémunération la plus élevée : 2,83%.
• En Belgique, les comptes à terme d’une durée d’un an sont assortis d’un taux d’intérêt moyen de 2,48%, ce qui place la Belgique juste en dehors du top 3. Les rémunérations en Slovaquie (2,5%) et en Italie (2,82%) sont plus élevées.

Il y a un an, les épargnants percevaient un taux d’intérêt moyen de 0,19%. Néanmoins, ils ne sont pas satisfaits des taux actuels. Cela est dû au fait que les banques ont profité de la politique monétaire restrictive pour augmenter les marges bénéficiaires de leur modèle économique traditionnel, qui consiste à transformer des dépôts à court terme en prêts à long terme, ce qui a principalement eu un effet haussier sur les coûts de crédit.

• En Belgique, par exemple, cela s’est traduit par une forte augmentation du prix du crédit immobilier. En deux ans, le taux fixe d’un prêt hypothécaire de 25 ans est passé de 1,83% à 3,69%.
• En comparaison, dans notre pays, plus de la moitié des comptes d’épargne doivent se contenter de taux d’intérêt inférieurs à 1%.

Les épargnants n’ont plus de patience

Caisses vides : un tour d’horizon de l’agence de presse Reuters montre que les épargnants européens retirent leurs économies des banques.

• La banque italienne Unicredit a enregistré une sortie de 1,6% de ses dépôts au premier trimestre de cette année.
• La banque britannique NatWest a déclaré que ses clients avaient retiré un total de 11,1 milliards de livres sterling au cours des trois premiers mois. Barclays et Lloyds Banking Group ont subi des baisses de 5 milliards et de 2,2 milliards de livres sterling, respectivement.
• En Allemagne, les clients privés de la Bundesbank ont retiré près de 8% de leur épargne (par rapport à l’année précédente). Deutsche Bank a vu ses dépôts diminuer de 4,7%. Cette baisse est attribuée par la banque à l’incertitude dans le secteur financier résultant de la crise bancaire aux États-Unis et en Suisse.
• La banque française BNP Paribas a également enregistré une légère baisse des dépôts d’épargne.
• La banque espagnole Santander fait partie des exceptions. Cette banque a vu le nombre de dépôts augmenter de 6% au premier trimestre de 2023.

Et dans notre pays ? En mars, 299,88 milliards d’euros étaient placés sur les livrets d’épargne réglementée en Belgique, indiquent les derniers chiffres (provisoires) de la Banque nationale de Belgique (BNB). Le montant total est donc à nouveau inférieur à la barre des 300 milliards d’euros.

• En février, il y avait encore 300,26 milliards d’euros sur les comptes d’épargne. Il y a donc une baisse d’environ 380 millions d’euros en un mois.

Fonds du marché monétaire

Alternatives : Les chiffres de Refinitiv Lipper révèlent que les épargnants investissent leur argent dans des fonds du marché monétaire.

• Qu’est-ce que les fonds de marché monétaire ? Ces fonds investissent dans des instruments du marché monétaire, des titres à revenu fixe de très courte durée. En raison de la courte durée, les gestionnaires de ces fonds peuvent rapidement réinvestir le capital, ce qui leur permet de profiter plus rapidement de la hausse des taux d’intérêt.
• En mars, les fonds de marché monétaire européens ont enregistré des entrées nettes de 34 milliards d’euros. Ces instruments d’investissement étaient alors le type d’actif le plus vendu de ce mois-là.

Où se trouvent les taux d’épargne les plus élevés ?

Comment les banques réagissent-elles ? Dans notre pays, le marché de l’épargne reste étonnamment calme pour le moment.

• La dernière hausse de taux remonte au 17 avril. Nagelmackers était alors la dernière banque à augmenter le taux d’intérêt sur l’épargne.
• À noter : entre-temps, les épargnants ont subi une première baisse de taux. Ainsi, le gouvernement a décidé de plafonner le taux d’intérêt du compte e-DEPO à 2,5% brut. En mars, le « livret d’épargne du gouvernement » rapportait encore 3,1%.
• Il est très probable que la BCE augmentera encore plusieurs fois les taux d’intérêt dans les mois à venir. La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré lors d’une explication de la dernière décision de taux (+25 points de base) que l’institution monétaire a encore du travail à faire. La pression sur les banques augmente donc pour qu’elles paient une rémunération plus élevée aux épargnants.
• Certains décideurs politiques, dont Pierre Wunsch, gouverneur de la BNB, ont déjà critiqué les faibles taux d’intérêt sur l’épargne. « Si ceux-ci ne continuent pas à augmenter, les épargnants risquent de partir », a-t-il déclaré en mars.
• « Les banques traditionnelles doivent décider si elles maximisent leur rendement en gardant les taux d’intérêt sur les dépôts aussi bas que possible, ou si elles donnent la priorité à leur liquidité et à leur stabilité en augmentant les taux d’intérêt et en conservant l’argent de leurs clients », conclut Nicola Marinelli, professeur adjoint de finance à l’Université de Londres, dans une réaction à Reuters.

(SR)