Les 4 plus grandes banques centrales occidentales ont toutes ralenti la hausse des taux d’intérêt. De quoi rassurer les marchés ? Au contraire, ils ont tous plongé. Pourquoi ?
Le ralentissement des hausses des taux d’intérêt ne bénéficie pas aux marchés : « Ne vous attendez pas au Père Noël mais au Grinch pour les fêtes »

Pourquoi est-ce important ?
La Fed, la BCE, la BoE et la BNS ont toutes desserré le frein à main, en optant pour une hausse de 0,5% des taux d'intérêt. Mais les principales places boursières n'ont pas apprécié les commentaires des banquiers centraux qui l'accompagnaient. Nous avons franchi le premier pivot - le ralentissement des hausses des taux d'intérêt - mais le deuxième pivot - le début de la baisse des taux d'intérêt - est lui toujours aussi incertain.L’actu : La Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne, la Banque d’Angleterre et la Banque de Suisse ont appuyé moins fort sur les freins.
- Les banques centrales ont entamé le premier pivot en augmentant de 50 points de base les taux directeurs, en lieu et place des 75 points des fois précédentes.
- Mais la réaction sur les marchés n’a pas été celle qui était attendue : l’Euronext a lâché plus de 2%, le Cac40 3%, le Bel 20 a limité la casse à 1%.
- Aux États-Unis, le Nasdaq a de nouveau déraillé de 3%, le S&P500 de 2,5%, pareil pour le Dow Jones.
Pourquoi ? Les commentaires des banquiers centraux ont plombé les investisseurs.
- Du côté de la BCE, Christine Lagarde n’est pas passée par quatre chemins :
- « Les taux d’intérêt devront encore augmenter significativement à un rythme régulier ».
- « Nous poursuivons notre trajectoire. Nous avons encore un long chemin à parcourir. Frapper puis se retirer n’est pas suffisant. »
- Le taux de la facilité de dépôt, c’est-à-dire le taux auquel les banques peuvent placer de l’argent à court terme auprès de la banque centrale, passe de 1,50% à 2,00%.
- Le taux des opérations principales de refinancement, c’est-à-dire le prix que les banques paient pour emprunter de l’argent à court terme auprès de la BCE, passe de 2,00% à 2,50%.
- « Le rythme soutenu de Lagarde » est considéré comme une indication que la BCE relèvera les taux d’intérêt au moins deux fois de plus, et peut-être même trois fois de plus, au cours des premiers mois de 2023 au même rythme qu’aujourd’hui, autrement dit de 50 points de base à chaque fois.
- Cela signifie qu’un autre taux d’intérêt supplémentaire d’au moins 1% (100 points de base) est prévu pour le premier trimestre, et probablement un autre 0,5% par la suite.
- Du côté de la Fed, Jerome Powell a averti mercredi que les récents signes de ralentissement de l’inflation américaine ne permettaient pas encore de croire que le combat était gagné.
- Le chef économiste de Morgan Stanley s’attend encore à une hausse de 0,25 point en février, et puis une pause, sans baisse des taux d’intérêt avant décembre 2023, soit le fameux deuxième pivot.
- N’oublions pas que la Fed a de l’avance sur la BCE, avec des taux directeurs qui sont actuellement compris entre 4 et 4,5%.
Et maintenant ? Ne vous attendez pas au traditionnel rallye de fin d’année.
- « Ce n’est pas le Père Noël, mais le Grinch qui vous attend », ironise pour Reuters John Leiper, CIO de Titan Asset Management.
- « On a l’impression que les principales banques centrales, y compris la Fed, doivent lutter contre le soulagement du marché, qui pense que nous avons atteint le pic des taux », a déclaré Hetal Mehta, économiste européen senior chez Legal & General Investment Management.
- Mais dans les faits, la baisse de l’inflation, tant aux États-Unis qu’en Europe, se fait au compte-goutte.
- De plus, les rendements au Trésor américain ou au Bund allemand ont baissé ces dernières semaines, par rapport à leur sommet. De tels mouvements desserrent les conditions financières que les banques centrales veulent serrer.
- Bref, il faut s’attendre à des semaines de volatilité, prévient Forbes, avant une embellie plus tard dans l’année 2023. C’est en tout cas l’avis de la Bank of America.
- Morgan Stanley nous met toujours en garde contre les risques de récession à venir, qui plomberont les marchés au cours du 1er trimestre.
- Selon Goldman Sachs, 2022 devrait finir comme la sixième année la plus volatile depuis la Grande Dépression.