En matière d’énergie, l’UE remplace une autocratie par une autre : de la Russie à la Chine

Alors qu’elle prend ses distances – de manière plus ou moins forcée – avec les énergies russes jusqu’à récemment bon marché, l’Union européenne se tourne vers un autre pays autoritaire pour exploiter des sources d’énergie alternative, à savoir la Chine et ses panneaux solaires.

L’Union européenne et la Russie ont durant de nombreuses années entretenu des relations commerciales gagnantes-gagnantes. Alors que la première profitait d’importants volumes d’énergie à bas prix, l’autre renforçait son influence politique sur la première. Un équilibre fragile qui s’est effondré lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’UE ne veut plus dépendre des importations russes et se tourne – dans l’urgence – vers d’autres fournisseurs, quitte à payer plus cher, tout en essayant de poursuivre sa politique en matière d’énergie renouvelable. Une situation qui l’a poussé à se tourner vers la Chine, important producteur de panneaux solaires. L’Union européenne s’est ainsi détournée de l’autocratie russe pour se rapprocher d’une autre.

La demande européenne de panneaux solaires chinois a explosé

Les données des douanes chinoises montrent en effet une forte augmentation des exportations de panneaux solaires vers l’Europe. Entre janvier et août 2022, ce sont plus de 16 milliards de dollars de modules photovoltaïques qui ont été vendus au sein de l’UE, soit plus du double de la valeur sur la même période l’année dernière (7,2 millions de dollars), rapporte Quartz.

Cela ne signifie pas pour autant que le nombre de panneaux solaires vendus à l’UE a doublé. Le fait est que les matières premières, notamment le polysilicium, un élément clé de la production de modules photovoltaïques, ont vu leur prix fortement augmenter en Chine. De sorte que les fabricants ont été contraints de revoir à la hausse leurs tarifs. La valeur des panneaux solaires vendus sur le marché européen a donc forcément explosé, aidé par des ventes en hausse. La crise énergétique a en effet provoqué une ruée vers les panneaux solaires.

La capacité de production d’électricité en Europe prouve d’ailleurs que le nombre de panneaux solaires sur le marché a explosé. Le vieux continent a importé 42,4 gigawatts de modules photovoltaïques chinois au premier semestre 2022, selon les chiffres d’InfoLink, une société de conseil en énergie renouvelable basée à Taïwan. Il s’agit d’une augmentation de 137% par rapport à l’année dernière.

Une dépendance accrue

La dépendance de l’Europe à la Chine en matière de panneaux solaires n’est pas le résultat de la guerre en Ukraine. Une telle relation s’était déjà établie depuis longtemps. En 2021, la Chine représentait déjà 75% de la production mondiale de modules photovoltaïques. Il est donc presque impossible pour l’Europe de faire sans l’Empire du Milieu en matière d’énergie solaire. La production de panneaux photovoltaïques de l’UE ne dépasse pas les 2,8%.

Malheureusement, le rapport de force ne devrait pas se renverser de si tôt. La Chine s’est en effet rendue indispensable au marché en ayant une emprise importante sur les composants et les matériaux nécessaires à la production de ces dispositifs, notamment les cellules solaires, les plaquettes de silicium et le polysicilium.

Une situation pour laquelle l’AIE, l’agence internationale de l’énergie, a déjà tiré la sonnette d’alarme.

Une aubaine pour la Chine

Le détournement de l’Europe des combustibles fossiles russes représente une aubaine pour l’industrie solaire chinoise. Alors que la situation pourrait bien mettre en péril la sécurité énergétique de l’UE. La dépendance énergétique du vieux continent se déplace simplement de la Russie à la Chine et cela représente évidemment un danger pour l’avenir, car le scénario avec la Russie pourrait se répéter.

« Avec l’Europe important 80% de ses panneaux solaires de Chine, les dépendances se déplaceraient simplement du pétrole ou du gaz importé vers les équipements solaires importés, laissant beaucoup à désirer en ce qui concerne le secteur solaire en tant que véritable source de sécurité énergétique et d’autonomie stratégique, ” ont écrit Kjeld van Wieringen et Julia Hüntemann du Service de recherche du Parlement européen.

L’Union européenne n’est pas à l’abri d’une militarisation des relations économiques avec la Chine à des fins politiques. Elle l’a déjà fait par le passé.

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