Le gouvernement que veulent mettre en place les talibans a soif de reconnaissance. Et qui de mieux que l’Allemagne pour se donner une caution.
Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a lancé une véritable opération séduction dans la presse allemande ce weekend. Notamment dans le journal le plus lu du pays, Bild, ce lundi, où l’émissaire parle « des bonnes relations historiques » entre l’Allemagne et l’Afghanistan. De quoi construire une relation pour le futur : « nous souhaitons entretenir des liens diplomatiques forts et officiels avec Berlin. »
La veille, dans le Welt am Sonntag, le porte-parole allait encore un peu plus loin: « les Allemands ont toujours été les bienvenus en Afghanistan, même au temps de la royauté il y a plus de 100 ans. » Et d’ajouter: « les Allemands ont fait beaucoup de choses positives. Malheureusement, ils ont pris le parti des Américains. Mais c’est désormais pardonné. »
À Angela Merkel, qui appelait vendredi à poursuivre le dialogue avec les talibans pour poursuivre les évacuations, l’Afghanistan accorde un accueil particulier : « nous voulons avoir un environnement puissant et entièrement sécurisé ici en Afghanistan – qui sera accepté par tous les pays du monde, et dans lequel les dirigeants du monde croiront. Ils devraient venir visiter notre pays, et il y aura certainement une place spéciale pour Angela Merkel. »
Coopération et légitimité
Les talibans voient en l’Allemagne un partenaire idéal, et ce dans plusieurs domaines: « nous voulons avoir un soutien financier, une aide humanitaire et une coopération de Berlin dans les domaines de la santé, des infrastructures et de l’éducation. »
À l’instar du Qatar, de la Turquie ou encore de la Chine, certains pays sont invités à participer à la reconstruction du pays. L’apport de l’Allemagne donnerait à l’Afghanistan et aux talibans une crédibilité dans le monde occidental. Une porte d’entrée pour d’autres pays.
Pour le moment, l’Allemagne comme l’UE a gelé son aide au développement en direction de Kaboul. Mais l’aide humanitaire se poursuit: rien que l’Allemagne entend fournir une enveloppe de 500 millions d’euros pour l’Afghanistan et les pays voisins qui accueillent l’essentiel des réfugiés. Une stratégie de soutien qu’entend aussi mener l’Europe pour éviter un afflux de migrants sur son territoire.
L’opposition allemande voit dans cette tentative de séduction des talibans un moyen de diviser l’UE et d’affaiblir par conséquent la position allemande vis-à-vis de ses partenaires européens.
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