« La forme du corps compte »: quand l’IA démontre l’impact du physique sur les revenus

Femmes obèses discriminées, hommes athlétiques mieux rémunérés. Une nouvelle étude démontre la relation entre la forme du corps et les revenus, grâce à des données objectivées par le deep machine learning.

Les physiques les plus attirants ont tendance à gagner plus. Cet a priori, l’ingénieur Stephen Baek, professeur agrégé de science des données à l’Université de Virginie, et l’économètre statisticienne Suyong Song, professeure agrégée d’économie et de finance à l’Université de l’Iowa, ont entrepris de le prouver.

Les résultats de leur étude intitulée Body shape matters révèlent une relation statistiquement significative entre l’apparence physique et le revenu familial, mais aussi que cette association varie selon le genre.

Prime d’attractivité

Les chercheurs confirment l’hypothèse d’une « prime d’attractivité physique » sur le marché du travail et son hétérogénéité entre les sexes.

L’association entre les revenus et l’apparence physique a longuement été au centre de l’attention des sciences sociales. Cependant, la plupart des études antérieures mesuraient cette apparence à l’aide d’enquêtes d’opinions. Ce qui exposait les précédents travaux au risque de biais et d’approximations subjectives.

Les auteurs démontrent l’existence d’erreurs significatives dans le BMI, les tailles et poids rapportés en les comparant avec les contreparties mesurées, et montrent que les valeurs déclarées sont trop éparses pour fournir une description complète de la forme du corps.

Outils technologiques

Dans la présente étude, Suyong Song et Stephen Baek utilisent de nouvelles données qui proviennent de scans tridimensionnels du corps entier afin d’atténuer les éventuelles erreurs de déclaration et de mesure.

Les auteurs ont utilisé un auto-codeur graphique (réseau de neurones artificiels) pour obtenir des caractéristiques intrinsèques.

Autrement dit, ils ont reproduit les formes corporelles humaines directement à partir de scans 3D des sujets pour évaluer la relation entre l’apparence physique et les revenus familiaux.

L’étude tient également compte d’un problème possible de formes corporelles endogènes (déterminées par des facteurs non observés tels que la nutrition, la personnalité, les aptitudes et le contexte familial).

Problème ciblé, solutions à déployer

Pour les hommes, les résultats empiriques documentent ainsi l’impact positif de la stature sur le revenu familial. Pour les femmes, les résultats montrent que l’obésité est la seule caractéristique significative et qu’elle affecte négativement le revenu familial.

Les travaux de Song et Baek ont des implications politiques: les résultats encouragent de promouvoir la prise de conscience de cette discrimination (formation à la non-discrimination sur le lieu de travail) ; et de minimiser les préjugés tout au long des processus d’embauche et de promotion (entretiens en aveugle).

Une précaution d’usage s’impose face aux conclusions. « Depuis la collecte de données, la société a certainement changé, en termes de perception de la beauté, de sensibilisation des gens aux préjugés sociaux sur le marché socio-économique, de réglementations et de politiques, etc. », prennent soin de nuancer les auteurs.

Ces derniers pensent cependant que les scans corporels peuvent également fournir des détails supplémentaires intéressants au-delà de ce qui est présenté dans cette étude.

« De nouvelles mesures géométriques de différentes parties du corps (par exemple, le volume de l’abdomen, la courbure de la ligne de taille) peuvent conduire à la découverte de nouvelles tendances et corrélations avec les revenus professionnels », ponctuent-ils.

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