Juste avant son départ, Jeff Bezos modifie la philosophie officielle d’Amazon

Ce n’est plus un secret pour personne, Jeff Bezos va céder les commandes d’Amazon à Andy Jassy. Quelques jours avant son départ, le fondateur du géant de l’e-commerce a décidé d’ajouter deux préceptes au texte reflétant la philosophie du groupe.

Etant donné qu’Andy Jassy deviendra officiellement le nouveau CEO d’Amazon le 5 juillet prochain, il s’agit peut-être du dernier acte posé par Jeff Bezos à la tête de son groupe.

Depuis toujours, l’entreprise d’e-commerce possède une liste de principes qui forment sa « doctrine du leadership ». Ils doivent guider ses employés dans leurs décisions et les objectifs qu’ils se fixent. On y retrouve notamment la sacrosainte « obsession du client ». Mais aussi « inventez et simplifiez », ou encore « apprenez et soyez curieux ».

Jusque là au nombre de 14 – là plupart ont été établis dès la fondation de la société et écrits par Jeff Bezos lui-même – ils sont désormais 16.

« Meilleur employeur de la planète »

Le premier principe ajouté par Amazon en ce mois de juillet consiste en « s’efforcer d’être le meilleur employeur de la planète ». Cet horizon invite les dirigeants à « travailler chaque jour pour créer un environnement de travail plus sûr, plus productif, plus performant, plus diversifié et plus juste ».

A travers ce précepte, il est demandé aux têtes pensantes d’Amazon de diriger l’entreprise « avec empathie », de « s’amuser au travail » et de « permettre aux autres de s’amuser facilement ». Et ce, afin de veiller à l’épanouissement des travailleurs.

Cet ajout a trait aux scandales qui ont éclaboussé Amazon ces derniers mois. L’entreprise a subi de lourdes critiques relatives aux conditions de travail de ses employés. Le géant de l’e-commerce a notamment été accusé de forcer ses livreurs à uriner et à déféquer à bord de leur véhicule. Si Amazon a rapidement démenti, Jeff Bezos lui-même a reconnu qu’il conviendrait de faire des efforts envers les travailleurs à l’avenir, dans sa dernière lettre adressée aux actionnaires en tant que CEO de l’entreprise.

Au printemps dernier, on se souvient également des vives tensions qui ont émaillé le premier vote pour la création d’un syndicat aux Etats-Unis, dans un entrepôt situé en Alabama. Les travailleurs ont finalement voté contre, mais le scrutin a fait l’objet de plusieurs polémiques, Amazon ayant usé de tous les moyens en son pouvoir – à la limite de la légalité – pour que le syndicat ne soit pas mis sur pied.

« Le succès et la croissance entraînent de vastes responsabilité »

Via ce deuxième ajout, Amazon reconnaît sa grandeur: « Nous avons un impact sur le monde, et nous sommes loin d’être parfaits ». Numéro un mondial de l’e-commerce et lancé sur de multiples autres terrains, l’entreprise de Jeff Bezos dit devoir agir en conséquence.

« Nous devons être humbles et réfléchis, même en ce qui concerne les effets secondaires de nos actions. Nos communautés locales, notre planète et les générations futures ont besoin que nous soyons meilleurs chaque jour », écrit Amazon sur son blog.

« Les leaders créent plus qu’ils ne consomment et laissent toujours les choses en meilleur état qu’ils ne les ont trouvées », conclut la présentation du précepte.

Si Amazon ne le dit pas clairement, cette nouvelle valeur semble liée aux pressions mises par les régulateurs du monde entier quant à son inarrêtable croissance et à son absorption frénétique d’entreprises. Le groupe est régulièrement accusé de pratiques monopolistiques. Aux Etats-Unis, notamment, le procureur général de Washington D.C. a récemment lancé une action antitrust à son encontre.

Ce précepte et son explication étant finalement assez vagues, certains y verront peut-être également une volonté de multiplier les efforts sur le plan de la durabilité, voire de se montrer plus responsable sur le plan fiscal, Amazon étant passé maître dans l’art de minimiser les impôts à payer.

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