Cela fait maintenant plus de 3 mois que le premier vaccin a été validé par le Royaume-Uni. Depuis, de nombreuses grandes puissances ont suivi : États-Unis, Union européenne, Chine, Inde, etc. Cela laisse penser que la vaccination est en bonne marche dans le monde. Mais selon l’ONU, 130 pays n’ont pas encore reçu une seule dose de vaccin, tandis que 10 États ont déjà récolté 75% des vaccins produits.
Cette observation est en partie vérifiée par les données de Bloomberg, qui considère que 82 pays ont pour l’instant eu accès au vaccin. Sur les 193 États reconnus par l’ONU, cela en laisse tout de même 110 qui n’ont encore rien reçu.
Et la carte publiée par le média montre bien la disparité entre les régions. Pratiquement tout le continent africain ne connait pas encore de vaccin. Si certains pays comme le Japon ou l’Australie ont décidé de ne pas vacciner leur population pour le moment, d’autres n’ont tout simplement pas les moyens d’investir dans un programme national de vaccination.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié cette situation ‘d’extrêmement inégale et injuste’, selon les propos rapportés par The Guardian.
Pourtant, aujourd’hui, les entreprises pharmaceutiques proposant un vaccin ne manquent pas: Pfizer, AstraZeneca, Moderna, Sinopharm, Spoutnik V ou encore SinoVac. Et une trentaine d’autres vaccins sont en cours de développement.
Ce n’est pas la première fois que l’ONU alerte le monde contre le ‘nationalisme vaccinal’ et la ‘thésaurisation des vaccins’. Début décembre, les contrats entre les entreprises pharmaceutiques et les pays permettaient déjà de réserver assez de doses pour vacciner 3 fois la population des pays riches.
Cette fois-ci, lors du Conseil de sécurité de l’ONU, le Guterres n’a pas seulement souligné la problématique, il a aussi lancé un appel à l’action. Il a demandé aux 15 pays présents de donner leurs propositions pour remédier à ce problème.
Diplomatie des vaccins
Les États-Unis, qui refusaient d’aider la vaccination mondiale, ont fait une première annonce. Selon Antony Blinken, secrétaire d’État américain, le président américain Joe Biden a prévu de se coordonner avec ces partenaires pour ‘étendre la capacité de production et de distribution, pour accroître l’accès, y compris aux populations marginalisées’. Toutefois, il n’a pas donné de montant précis, ni les intervenants de ce programme.
La Chine a quant à elle annoncé qu’elle allait fournir, dans un premier temps, 10 millions de doses de vaccin au programme Covax. Ce dernier a été créé par l’OMS pour fournir aux pays pauvres de vaccins gratuitement. L’Organisation mondiale de la Santé a précisé qu’elle aurait besoin de 2 milliards de doses pour réussir ses objectifs de 2021. Les premiers vaccins ont d’ailleurs été envoyés au début du mois au Cap-Vert, au Rwanda, en Afrique du Sud et en Tunisie. Mais outre les vaccins, les pays les plus pauvres ont également besoin de créer des installations et recevoir du matériel pour organiser les séances de vaccinations. Ce sont en tout 5 milliards de dollars qui seront nécessaires pour cette simple année. La Chine a également précisé avoir fait don de vaccins à 53 pays en développement, tels que la Somalie, l’Irak ou encore le Soudan du Sud.
Le ministre indien des Affaires extérieures, Subrahmanyam Jaishankar, a déclaré que son pays allait fournir ‘200.000 doses’ aux 90.000 Casques bleus installés dans les zones instables du monde.
Le directeur général de l’ONU a ensuite demandé aux États présents de faire remonter son appel à l’action dans les autres organisations mondiales. Il visait principalement le G7 et le G20, qui réunissent les plus grandes puissances du monde.
L’Union européenne, elle, doit déjà se départir de son propre retard. Elle laissera la Chine et la Russie étendre ce qu’on appelle la diplomatie des vaccins. Un moyen pour les deux hyper puissances d’assoir leur influence dans le monde.
Une pandémie sans fin
La vaccination de tous les pays du monde est un enjeu important pour une véritable reprise de l’économie. La mondialisation, telle qu’on la connait aujourd’hui, crée de nombreux liens entre les États, qu’ils soient pauvres ou riches. Sans une protection globale de la population, le virus continuera à voyager à travers le globe. Et les pays vaccinés ne seront pas protégés, car en mutant, le virus deviendra de plus en plus résistant aux vaccins.
Au rythme où la vaccination mondiale avance, l’accès généralisé aux vaccins ne sera pas atteint ‘avant le milieu de 2023’, selon le ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard. Un bond dans le temps énorme quand on sait que certains pays sont déjà bien avancés dans leur vaccination, comme Israël qui a administré au moins une dose à près de la moitié de sa population. En trois mois, le Royaume-Uni a vacciné plus de 20% des Britanniques.