L’Organisation Mondiale de la Santé a tenu à faire un énième rappel: le vaccin contre le Covid-19 ne nous sortira pas de la crise sanitaire. Du moins, pas tout de suite. D’autant plus que la variante britannique du virus pourrait faire plus de dégâts que prévu, estime le professeur Herman Goossens, microbiologiste à l’université d’Anvers.
Invité de Bel RTL ce matin, le microbiologiste Herman Goossens a tenu à adresser un signal: si la variante britannique du Covid-19 n’est, en soi, pas plus dangereuse que les autres, elle pourrait tout de même s’avérer bien embêtante. D’après lui, elle serait même susceptible de provoquer une troisième vague de coronavirus.
‘Cette variante n’est pas nécessairement plus agressive, les gens ne sont pas spécialement plus malades, mais cette souche est beaucoup plus contagieuse. Donc finalement, à long terme, l’impact sera le même. Car s’il y a beaucoup plus d’infections, il y aura plus de gens hospitalisés et de gens admis aux soins intensifs. Et il y aura aussi plus de décès. C’est cela que l’on constate maintenant en Angleterre, surtout dans le sud-est et la région de Londres. Mais les Anglais ont peur maintenant que cela se propage au reste du pays’, avertit le microbiologiste de l’université d’Anvers.
Pour permettre d’endiguer une dangereuse troisième vague, le professeur Goossens mise – comme le vaccinologue Pierre Vandamme, son collègue à l’UAntwerp – sur un report de l’administration de la seconde dose du vaccin. ‘Ça nous permet de protéger la population beaucoup plus vite avec déjà une dose, et de se protéger contre cette nouvelle variante’, explique-t-il.
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Dans De Morgen, le professeur Goossens indique que la vaccination n’est toutefois pas la solution miracle. Pour lui, il faudra une multiplication des tests, seul moyen à court terme de gérer la crise sanitaire et de contrer la variante britannique.
L’OMS retape sur le clou
De son côté, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est une nouvelle fois revenue sur d’importantes remarques vis-à-vis des vaccins. Elle rappelle qu’ils empêchent d’être gravement malade, mais que rien ne dit qu’ils permettent d’éviter l’infection.
‘Pour le moment, je ne pense pas que nous ayons la preuve pour être sûrs que l’un des vaccins va empêcher les gens de contracter réellement l’infection et donc de pouvoir la transmettre’, a déclaré lundi la Dr. Soumya Swaminathan, scientifique en chef de l’OMS, lors d’une interview accordée à Sky News Australia.
Conséquence: les vaccinés, toujours susceptibles d’être porteurs du virus et de contaminer leur entourage, doivent continuer de suivre les mesures sanitaires en vigueur dans leur pays. De plus, la Dr. Swaminathan a tenu à rappeler que les personnes vaccinées doivent respecter les quarantaines obligatoires lorsqu’elles voyagent à l’étranger, notamment lorsqu’elles se rendent dans des pays où les taux de transmission sont plus faibles.
Où en sont les recherches ?
Au vu de la contagiosité particulièrement élevée de la variante britannique du Covid-19, les mises en garde de l’OMS prennent encore plus de poids. Etant donné qu’il faudra encore de nombreux mois (voire années) avant d’atteindre l’immunité collective par le vaccin – notamment en Belgique – et vu que l’efficacité du vaccin contre l’infection reste incertaine, il faudra continuer à faire preuve d’abnégation – et de patience – pour continuer à respecter les mesures sanitaires et ainsi éviter que le coronavirus ne fasse encore trop de dégâts.
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Une lueur d’espoir vient tout de même de Moderna, dont, à première vue, le vaccin serait bien efficace contre l’infection. Se basant sur des données préliminaires, le professeur Moncef Slaoui, chef de l’opération américaine Warp Speed, a indiqué que le vaccin apportait une protection contre l’infection de l’ordre de 60 à 65%. Un taux qui pourrait s’envoler après la deuxième dose.
Pfizer et Moderna sont chacun en train de mener des recherches sur ce sujet. En attendant, comme le préconise l’OMS, mieux vaut rester prudent et ne pas crier victoire trop vite. D’autant qu’une autre donnée de taille reste inconnue: la durée de protection aux symptômes conférée par les vaccins. Quelques mois, quelques années ou à vie: là aussi, l’OMS rappelle qu’on ne dispose d’aucune preuve.