Le 2 septembre, le président Trump a déclaré aux électeurs de Caroline de Nord qu’ils devaient voter une fois à distance et une fois en personne au bureau de vote, cela pour s’assurer que la vote par correspondance a bien été enregistré. Seul bémol, il est illégal de voter deux fois intentionnellement.
Donald Trump, qui a affirmé à maintes reprises que les élections de 2020 seraient trafiquées en sa défaveur, s’est vu demander par un journaliste de la télévision locale s’il avait confiance dans le système de vote par correspondance. Sa réponse en a surpris plus d’un.
‘Envoyez votre bulletin par courrier et allez ensuite voter en personne. Et si je me trompe et que leur système [de vote] est aussi bon qu’ils le prétendent, votre vote sera enregistré et on vous dira que vous ne devez plus voter. Si par contre ce n’est pas le cas, vous pourrez alors voter sur place’, a déclaré le président américain. Il est toutefois possible que tous les votes par correspondance ne soient pas comptabilisés lorsque les Américains se rendront aux urnes… Ce qui pourrait inciter les votants à commettre un délit.
‘Déligitimer’ les votes ?
Voter deux fois intentionnellement est illégal, et dans de nombreux États, dont la Caroline du Nord, c’est un crime passible d’emprisonnement. Mais le candidat au scrutin du 3 novembre prochain n’en démord pas : ‘Alors, envoyez votre vote le plus tôt possible et allez voter’, a déclaré Trump. ‘Vous ne pouvez pas les laisser vous enlever votre vote ; ces gens font de la politique sale’, a t-il ajouté.
Lors d’une interview sur CNN, le procureur général William P. Barr a été invité à répondre aux propos que Trump avait tenus en Caroline du Nord. Barr a d’abord contourné la question, disant qu’il ne connaissait pas les lois électorales de chaque État. Il a ensuite affirmé que le vote par correspondance généralisé était très ‘propice à la fraude’.
De leur côté, les États, qui disposent déjà d’un système de vote par correspondance, contestent les paroles de Trump. Une analyse réalisée par le Washington Post et portant sur trois États pratiquant le vote par correspondance allait aussi dans ce sens. Sur 14.6 millions de votants lors des élections de mi-mandats de 2016 et de 2018, il n’y avait que 372 possibilités de double vote ou de vote sous les noms de personnes décédées, ce qui se traduit par un pourcentage de 0,0025 %, a déclaré
De son côté, Joe Biden a déclaré que Trump tentait de ‘délégitimer’ les résultats des élections. ‘La façon de surmonter cela est de voter. Voter, voter, voter. Et il n’y a pas la moindre preuve que le vote par correspondance est frauduleux’, a -t-il déclaré.
Préparer sa sortie?
Ce n’est pas la première fois que Trump déclare que les votes par correspondance sont propices à la fraude, cela contre l’avis des experts. Dans son élan, le président avait même évoqué un report du scrutin, alors que seul le Congrès a le pouvoir de reporter la date à laquelle les citoyens doivent se rendre aux urnes.
Trump joue sans doute les faux stupides lorsqu’il fait semblant de ne pas savoir que l’on ne peut pas voter deux fois. Mais par sa déclaration, il pousse les votants à commettre un crime, le vote par correspondance n’étant souvent pas encore enregistré, lorsque que le citoyen se rend aux urnes.
Les rumeurs laissent aussi penser que Trump, fortement critiqué pour sa mauvaise gestion de la crise sanitaire, tenterait, en invoquant la fraude, de poser les fondations de sa défaite au mois de novembre. Un sondage réalisé par ABC et le Washington Post en juillet avait en effet mis en évidence un écart de 15 points dans les intentions de vote entre Joe Biden et Donald Trump, une différence significative, cela à moins de 100 jours du scrutin. Il y a quatre ans, à la même époque, l’écart entre Hillary Clinton et Donald Trump n’était que de trois points.